Célébrer le monde méditerranéen à travers une vingtaine de films documentaires, explorer son histoire, analyser les grands enjeux socio-politiques à partir de destins anonymes. Appréhender le collectif par les individus, donner chair aux grandes thématiques qui secouent ces territoires, croiser les regards, apprendre et essayer de comprendre. Impliquer par un travail de fond depuis 14 ans, d’escale en escale, quelque 3 000 collégiens et lycéens d’Égypte, d’Italie, de Grèce, d’Algérie, du Maroc, de Tunisie, de France : telles sont les missions que se donnent depuis 28 ans le PriMed, Festival de la Méditerranée en images, qui se tient cette année du 30 novembre au 7 décembre à Marseille.
Si comme on nous l’a dit « la femme est l’avenir de l’homme », elle est aussi le présent de cette nouvelle édition. Un jury exclusivement féminin présidé par la journaliste Jocelyne Zablit, sur les 23 films en lice, 13 réalisatrices, et au cœur des sujets abordés, la condition et le combat des méditerranéennes. Ce sont les Syriennes de 30 années avec Chadia et ses filles de la Libanaise Leyla Assaf-Tengroth, et les musiciennes de Machtat de Sonia Ben Slama qui veulent secouer le joug patriarcal. Ou les Yézidies esclaves de Daech, qui à l’instar d’Ana, une fois libérées, bravent l’interdit de revoir leurs enfants nés de viols (Hawar, nos enfants bannis, Pascale Bourgaux). C’est la Rom de la Chanson d’Aida de Giovanni Principali, qui veut divorcer et sortir de son clan. Ce sont les militantes algériennes prisonnières, libérées en 1962 et auxquelles Raphaël Pillosio redonne vie et voix dans Les Mots qu’elles eurent un jour. L’Algérie et ses histoires d’hier ou d’aujourd’hui racontées dans trois autres films de la Sélection : 118 Telemy, premier film autobiographique de Bilal Beghoura sur un retour au pays, Le Dernier camarade d’Amine Kabbes sur une candidature inattendue aux présidentielles de 2018 et And Still, it remains d’Arwa Abuwara et Turab Shah concourant dans la compétition court-métrage, sur les traces des essais nucléaires français.
Sujets sensibles
La programmation nous transportera entre autres à Athènes dans un vieux café (Panellinion, Spyros Mantzavinos et Kosta Antarachas), au pied du Stromboli (Stromboli 22, Grégoire Pointécaille), dans la montagne française avec un berger et un loup (Un Pasteur, Louis Hanquet), à Lesbos avec une communauté internationale de lesbiennes (Lesvia, Tzeli Hadjidimitriou), dans une oasis oubliée entre Maroc et Algérie (Grain de sable, Nadja Anane) ou encore dans le paysage apocalytique d’un territoire sicilien sacrifié au dieu pétrole.
Alors que le Moyen Orient flambe, il ne faudra pas rater, dans la section « Mémoire de la Méditerranée », la série en trois parties de Jérôme Fritel et Sofia Amara,Hezbollah, l’enquête interdite nous plongeant au cœur des activités illégales du « parti de Dieu ».
Au temps des invectives, privilégier le dialogue demeure une nécessité que PriMed met une fois de plus en avant avec cet événement incontournable de l’automne marseillais.
ÉLISE PADOVANI
PriMed, Festival de la Méditerranée en images
Du 30 novembre au 6 décembre
Divers lieux, Marseille