La pièce centrale est comme un jardin de méditation autour de son petit bassin d’eau rectangulaire, au fond duquel des pièces de monnaie protègent les vœux de ceux qui les ont jetées. Des plats de céramique dont l’un conserve de grosses pinces à cheveux en porcelaine délicate et des mèches de cheveux d’amies de l’artiste. Des monotypes, une aquatinte et des mains-empreintes comme autant de natures mortes, de traces. À l’horizontalité de ce jardin, fait écho la verticalité d’un rideau de perles à l’ancienne, d’un mur en espalier, dirait un jardinier, fait de tiges de métal tordue aux étranges fleurs d’ongles ainsi que d’une chaîne en porcelaine et de trois oeuvres de Laura Lamiel de 2020, comme autant d’éclats de couleur,celle du sang, ou du rouge-à-lèvres.
L’installation est toujours affaire de lieu, d’espace qui font sens. C’est le cas ici, au 3bisf, situé dans le Centre Hospitalier psychiatrique Montperrinn (Aix-en-Provence). Deux anciennes cellules occupées par des internées deviennent des pièces d’une maison imaginaire, celle de l’enfance de Nina Boughanim. L’intime se resserre. Les ouvertures sur le dehors sont celles de la privation de liberté. Il y a la « chambre », aménagée avec de vrais objets du passé enfantin : les vieilles VHS, une petite chaussure, un coffre en bois et sa lampe vintage, du tissu du landau en coussin et une petite banquette pour s’asseoir et regarder sur la télé petit écran, les films familiaux dont Nina, fillette radieuse est le sujet essentiel. Son père revenu filme. Au plafond Le gros câlin en verre est un lustre de tendresse.
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Il y a « la salle de bain » voisine, autre cellule. Elle est un trompe-l’œil entre réalité et création : bac à douche au couleur miel des murs d’origine, tapis de blanc plissé comme si quelqu’un l’avait piétiné, fausse buée des douches chaudes sur des parois vitrées. D’autres pinces en porcelaine, des bijoux dans des panières…
MARIE DU CREST
Celles qui émergent
Jusqu’au 12 avril
3bisf, Aix-en-Provence
En partenariat avec le Festival Parallèle et le Frac Sud
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