Avec ses “187 papas et mamans venant de 27 pays” – comme le rappelait avec malice Denis Athimon du Bob Théâtre lors de la cérémonie d’ouverture -, l’ASSITEJ est sous bonne étoile pour veiller au grain de la création jeune public à travers le monde. Réunies par le Théâtre Massalia pour une semaine, ses délégations internationales échangeaient sur l’état du secteur durant cette nouvelle édition de Bright Generations – chaque année accueillies dans une ville différente.
Au terme d’une dizaine de rencontres professionnelles quotidiennes – tables rondes, conférences, ateliers – de furtives impressions se dégagent. Premier constat : à l’œuvre, une joie tenace, moteur d’une combativité nécessaire pour un secteur parfois mésestimé et encore sous-doté. Une belle parité, avec des femmes souvent sur le pont. Une vivacité, indéniable, contagieuse, présente aussi dans la quinzaine de spectacles, toutes nationalités confondues, présentées de La Friche au ZEF en passant par la Criée et la Joliette.
Résilience et inclusivité
Certaines thématiques ont traversé toute la la semaine : peut-on créer pour les jeunes… sans les jeunes ? Par ricochet, son corollaire : peut-on programmer des spectacles qui leur sont dédiés, sans les consulter ?
Trépidantes, des expériences témoignaient de créations artistiques partagées d’une part, et d’implication des jeunes dans la gouvernance des lieux de l’autre. Ayant confié les clés de sa programmation adolescente à un groupe de 11 Jeunes prog’, Marie-Hélène Félix, du Théâtre Renaissance, en périphérie lyonnaise, n’en démord pas : “comme souvent quand on délègue à des amateurs, l’intérêt général est mieux pris en compte !”
Ecumant Marseille durant le festival, des groupes de jeunes, membres de réseaux internationaux tels que New Voices ou Fores-TEEN – misant sur la métaphore de forêt comme écosystème de l’adolescence – faisaient montre de cette implication dans le spectacle vivant, côté production ou réception.
Du Népal à l’Ukaine
L’inclusivité, c’était un autre mot d’ordre de la semaine. De protocoles de formation dans des zones en situation de crise ou d’urgence sanitaire, à du théâtre communautaire développé dans un Népal ravagé par le séisme de 2015, le théâtre peut s’avérer un puissant outil d’inclusion. Il peut littéralement aider à survivre, quand il se pratique en Ukraine dans des abris anti aériens, ou encore dans des containers post séisme – “le fardeau émotionnel s’allège à mesure qu’il se partage”, commente la metteuse en scène népalaise Sunaina Panthy.
En France, le réseau ASSITEJ oeuvre à développer un éthic’otest, permettant d’auto évaluer ses pratiques en matière d’inclusivité. Mais comme les vertus émotionnelles du spectacle jeune public – tout à la fois “fenêtre sur le monde et miroir introspectif” selon Vicky Ireland, membre de l’International Inclusive Arts Network – sont parfois difficilement quantifiables dans des études, la recherche doit continuer à mettre en valeur ces aspects pour les faire valoir, notamment auprès des financeurs.
JULIE BORDENAVE
Bright Generations s’est tenu du 24 au 29 mars au Théâtre Massalia et dans d’autres lieux de Marseille,
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