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AccueilSociétéÉditoVoilà qu’ils accaparent nos marronniers !!

Voilà qu’ils accaparent nos marronniers !!

L’année scolaire va reprendre, le temps des marronniers, des poèmes d’automne, des feuilles qui jaunissent et s’amollissent dans la pluie tombée. « Tout l’automne à la fin n’est plus qu’une tisane froide », écrivait Francis Ponge. Après les canicules et les feux, attendons nous ces « ciels d’automne attiédis » que Verlaine désirait et redoutait pourtant ? Si pour nos enfants les premières fois vont se succéder, quels recommencements allons-nous vivre ? Combats, inondations, catastrophes, dissolution, interminable attente d’un gouvernement jusqu’à nous faire accepter le pire ? 

Un « marronnier », dans la presse, désigne un sujet bateau qui revient tous les ans, inchangé, que les journalistes tentent de traiter en renouvelant les angles. La rentrée des luttes syndicales et sociales est un marronnier courant de la presse de gauche, agrémenté de rentrée politique et parlementaire, et d’un peu de Fête de l’Huma selon la couleur de la gauche. 

Mais on n’y attendait pas la Une du JDNews. 

Attiser la peur

L’hebdo de Lagardère, sorte de fusion de CNews et du JDD magazine qui parait depuis le 18 septembre 2024, a aligné les couvertures explicites en 11 mois. Consacrées souvent à De Villiers  (quatre couv’ en un an, sur le Mémoricide, le Puy du fou, la Saga des Villiers avec deux de ses fils, ou Notre Dame, l’éternité française ). Pour l’international ? Laurence Ferrari qui dirige la rédaction choisit de valoriser la « Méthode Meloni » et pose une étonnante question rhétorique : « Trump, pourquoi ça marche ? » Quant aux sujets de société, ils se concentrent sur « l’ultraviolence des mineurs » et «  ceux qui veulent tuer l’enseignement privé ». Et se font force de proposition : « enfermons les OQTF à Saint-Pierre-et-Miquelon » (sympa pour les 6000 habitants).

D’autres Unes demandent aussi de rétablir le « contrôle des frontières » ou de refuser la loi sur « l’euthanasie ». En photo de couv’ les portraits de Retailleau, Wauquiez et Darmanin alternent régulièrement avec leurs modèles, Marine le Pen et Bardella.  

Ces couvertures, contrairement aux articles d’un journal qu’on n’est pas obligé d’acheter, s’étalent dans l’espace public et s’imposent à la vue des passants, travaillant clairement pour « l’union des droites » extrêmes en imposant des messages sans ambiguïté. 

Appropriation grossière

La Une du 17 août est plus surprenante. Au moment où l’appel du 10 septembre et le vote de confiance au gouvernement prévu le 8 septembre agrègent les colères du peuple – qu’il vote à gauche ou s’égare vers l’extrême-droite – cette couverture est clairement destinée à attirer le regard de ceux qui manifestent et des opprimés. 

Elle reprend tous les codes de la rentrée sociale que les journaux de gauche déclinent depuis des décennies. Une photo de manif. En gros titre Le Réveil des peuples, et une devise, Vive la liberté d’expression !,déclinée deux fois, sous le titre et au bas de l’affiche exhibée dans les kiosques. Sur le côté, le JDNews du 17 août souligne aussi la « colère des vignerons », etle mégafeu de l’Aude. Des accroches qui visent sans ambiguïté à attirer l’attention des classes populaires et à appeler à l’action, dans la rue.

« Plus le mensonge est gros, plus il passe » déclarait Goebbels, qui l’assortissait d’un « Si on répète un message assez longtemps il devient vérité ». L’entourloupe est grossière : la photo de Une est une manif anti-migrants anglaise, où les banderoles revendicatives se résument à des drapeaux nationaux. Le réveil des peuples ne se fait pas contre le capital, la casse sociale ou la crise climatique, mais contre « l’immigration massive ». L’imagerie de gauche, de lutte, est mise au service d’un refus de la circulation des peuples, et de la solidarité humaine. 

Rétablir les faits

C’est le système capitaliste qui est responsable de l’appauvrissement du peuple et de l’enrichissement des milliardaires. Pas l’immigration. C’est l’économie du profit qui est responsable du dérèglement climatique et les restrictions des financements publics qui sont responsables des mégafeux, pas les immigrés. C’est la baisse des cotisations sociales due aux délocalisations et au chômage qui sont responsables de la dette sociale, pas les abus des malades, des handis, des vieux ou des immigrés. Ce sont les 211 milliards de cadeaux sans contrepartie aux entreprises qui licencient et distribuent des dividendes record aux actionnaires qui sont responsables de la dette publique, pas les racisés et les pauvres. Les assistés du système et des gouvernements Macron successifs, ce sont les riches.

Reste à savoir, aujourd’hui, si l’extrême droite financée par les milliardaires français va réussir à faire croire qu’elle est l’alliée du peuple en tapant sur ses boucs émissaires favoris. Nous sommes tous les descendants de travailleurs étrangers.

AGNÈS FRESCHEL


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