Au Recording Studio de Marseille, Cyril Benhamou a présenté en avant-première HOT (Heart of Town), son premier album personnel
Devant un public d’heureux élus, le pianiste marseillais a dévoilé son album en live entouré de ses complices Jérôme Mouriez à la batterie et Pascal Blanc à la basse. Un moment de musique et de partage. Officiellement, HOT (Binaural prod) est son premier disque personnel, mais il a déjà collaboré à de multiples projets.
Le concert s’ouvre sur un morceau inédit absent de l’album. D’emblée la « magie » Benhamou opère : un solo de piano, minéral et limpide, suivi de l’entrée de la batterie, aérienne, avant que la mélodie ne prenne forme. Peu à peu, la basse s’installe, et les variations s’enchaînent. Ces lignes musicales touchent au cœur, comme des réminiscences d’adolescence, de marches rapides dans New York, de paysages qui défilent par la fenêtre d’un train.
Un sacré mélodiste
La musique de Benhamou n’impose rien : elle suggère, ouvre un espace où chacun projette ses images et ses émotions. Puis parfois, la machine s’emballe : accélérations, fougue, allégresse, portée par une section rythmique d’une grande cohésion. C’est vivant, précis, et terriblement beau. Les musiciens enchaînent avec Song for Avi, (après Hip Hop des Kids, le deuxième single tiré de l’album) avec son motif latino en milieu de morceau, qui entre dans la tête pour ne plus vouloir en sortir. Une invitation à la fête, pleine d’énergie et de liberté.
Benhamou revendique son goût pour l’exploration. Son troisième single est une reprise de White Keys de Chilly Gonzales – le morceau n’utilise que les touches blanches du clavier – et qu’il adore confie-t-il. Le résultat : une version jazzy, aux modulations subtiles, qui transforme le dépouillement de l’original en terrain d’improvisation.
« J’ai rêvé d’une danse irlandaise que je ne connais pas mais qui m’a inspiré », poursuit-il. Il en a tiré Irish Dance, qui évoque des quadrilles de danseurs dans un pub où la Guinness coule à flots. Le piano devient violon, s’enflamme, s’apaise en harpe celtique, puis repart dans une virtuosité de gigue endiablée. Un solo de batterie vient clore la pièce sous les applaudissements. L’occasion pour Jérôme Mouriez d’expliquer le rythme utilisé, « un 7/8 décomposé en 3+4 », dont il fait la démonstration tout sourire. Pascal Blanc, explicite-lui aussi sa mission : « Le bassiste, c’est la base du groove. Parfois on part dans des directions si opposées que plus personne ne sait où est le premier temps », ironise-t-il. « Mon rôle, c’est de garder la ligne pour que les copains puissent s’amuser. Si c’est l’autoroute pour eux, c’est que je suis un bon bassiste. Ce qui ne m’empêche pas de faire parfois des échappées ».
Pour conclure le showcase, Benhamou entame Abuelas, hommage à l’amour des grands-mères, une pièce bouleversante où la ligne principale, toujours expressive, est – dixit Benhamou et on confirme – « chialante ». Le début, d’inspiration latine, est joué marcato et se tend comme un fil émotionnel avant de se relâcher dans un souffle de douceur. On y entend l’Espagne, les fêtes populaires, la dramaturgie du flamenco. Puis cette mélodie en boucle, suspendue… qui touche au cœur. C’est superbe, tout simplement. L’album sort le 14 novembre et l’on retrouvera avec bonheur le trio le 6 décembre au Théâtre de l’Œuvre.
ANNE-MARIE THOMAZEAU
Concert donné le 4 novembre au Recording Studio, Marseille.
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