Le festival Risc est toujours l’occasion de découvrir des films que l’on ne verrait pas ailleurs, de par leur ligne hybride, entre recherche scientifique et expression cinématographique. La 16e édition a amené son lot d’œuvres expérimentales, qui trouvent ainsi leur public.
Notamment en format court-métrage. C’était le cas le 10 décembre, pour une programmation au Muséum d’histoire naturelle, autour d’une thématique Environnement(s). Au sens parfois très large, prenant même carrément les dimensions de l’univers dans The Cosmic Microwaves Background, de Robin Touchard. Ou en se focalisant sur du très local, lequel résonne désormais avec le global, sur notre planète mondialisée.
Risquer de changer
Un quartier de Bruxelles, par exemple, où la crise financière de 2008 a entraîné l’arrêt d’un chantier et l’apparition… d’un marais, avec la remontée des nappes phréatiques. Dans L’eau était là, Sophie Sherman et Némo Camus baladent leur caméra auprès des habitants, désireux de « faire alliance avec les zones humides », contre un urbanisme moderne qui n’en veut pas. Une femme serre un magnifique coq contre son cœur, ou un chat tout pelé, avec la même tendresse. « C’est pour ça qu’on se bat ; pour les animaux. On a raison, non ? », demande-t-elle aux réalisateurs, et à nous au-delà.
Bien-sûr, madame ! Tout comme on a des raisons de se battre contre les industries fossiles ou l’artificialisation des paysages. Le pétrole, dans Green Grey Black Brown de Yuyan Wang, est une matière huileuse, organique, plastique, que des humains malaxent, répandent, brûlent. À l’écran, des images dont on ne sait si elles sont documentaires ou fictives, montrent des personnes se vautrant dans cette boue. Métaphore de notre débauche énergétique irrépressible ?
Quant au film de Simona Obholzer, DIN 18035, il trouble fort, en illustrant l’étonnante capacité humaine à faire culture de tout. Y compris de l’industriel et du machinique ! Une grosse pelleteuse qui griffe le sol comme pour dessiner dans sa matière grumeleuse un jardin zen, avec bruit de gravillons en pluie, on a beau s’en défendre, cela satisfait un sens esthétique. DIN 18035, en langage technocratique, est une norme standardisée, à laquelle doivent se conformer les terrains de sports synthétiques. Que l’on en arrive à trouver cela beau est sans doute le signe que nous devrions évoluer.
GAËLLE CLOAREC
Les Risc se sont tenues du 9 au 13 décembre dans divers lieux à Marseille.




