mercredi 2 octobre 2024
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À Avignon, du théâtre pour retrouver le chemin des classes

Au théâtre Benoit XII, les jeunes du dispositif Classes Départ ont présenté Au bout du conte, illes vécurent

J’aime les gens qui doutent. Entonnée durant la représentation, la chanson d’Anne Sylvestre donne le ton de la proposition, écrite et interprétée par les neuf interprètes (5 gars, 4 filles) de la « Classe départ », promotion 2023. 100 000 enfants et adolescents décrochent, chaque année du système scolaire. 50% des non-diplômés sont au chômage ou inactifs, trois ans après leur déscolarisation. Face à ces statistiques, Bruno Lajara, auteur et metteur en scène, crée en 2015, dans les Hauts-de-France, le Centre d’Art et de Transformation Sociale, à l’origine des Classes Départ. Le dispositif réunit une douzaine de jeunes en rupture sociale, familiale, autour d’actions artistiques et citoyennes. Depuis 2019, par l’entremise de Pascal Keiser et La Manufacture, espace repère du Off, Avignon héberge sa « Classe départ ». 

Je cache. J’ai rien à dire. Nous vivons ! 

Entouré par une demi-douzaine de professionnels, la troupe livre une création pluridisciplinaire, au fil de laquelle, les unes et les autres s’expriment avec ses mots et ses capacités. Au bout du conte, illes vécurent agrège des témoignages, sublimés par un slam, une tirade, une apostrophe ou un riff, lâché par un digne émule de Jimi Hendrix et Alvin Lee. Au cœur d’une boîte noire, où sont plantées trois marches d’escalier, des corps vont et viennent, s’éloignent et souvent se rassemblent le temps d’un chœur, l’espace d’une chorégraphie. L’ensemble sonne toujours juste et révèle quelques vrais talents de plume ou d’interprétation. À la suite de la première, les « aiguilleurs » (acteurs, chanteurs, chorégraphes), ne cachaient pas leur satisfaction, tout en évoquant le chemin parcouru par ces jeunes qui, il y a moins d’un an, regardaient leurs chaussures, maugréaient ou s’emportaient à la moindre difficulté. En moyenne, depuis cinq ans, 70 à 80% des jeunes ayant participé à une « Classe Départ » retrouvent le chemin de l’autonomie, de la formation, de l’emploi. Les résultats sont encourageants et, sur le plateau, les métamorphoses impressionnantes. Une réussite sans doute en lien avec l’accompagnement talentueux et personnalisé de ces petits effectifs. Suite à une série de représentations en juillet dernier, la première promo de la « Classe Départ Avignon », entamera une petite tournée nationale. Souhaitons un futur similaire à ce beau travail de troupe, réunion salutaire de forces qui s’entrechoquent. 

MICHEL FLANDRIN

Spectacle donné dans le cadre du dispositif Classe Départ les 10 et 11 novembre au Théâtre Benoît XII, Avignon.
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