mardi 30 avril 2024
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À chacun son avenir 

Nous, étudiants de Rafiki Fariala nous plonge dans le quotidien d’une université de Bangui

« C’est l’histoire d’un étudiant qui prend la caméra et entreprend de se filmer avec ses amis pour dire : voilà qui nous sommes, regardez-nous, écoutez-nous ! » L’étudiant, c’est Rafiki Fariala. Il étudie les sciences économiques et de gestion à l’université de Bangui (République Centrafricaine). Il est d’abord slameur, sous le nom d’artiste Rafiki RH2O. Sélectionné pour participer à l’atelier de réalisation documentaire Varan à Bangui, il réalise son tout premier film Mbi na Mo – Toi et Moi. Son deuxième, Nous, étudiants, a été le premier film centrafricain présenté à la 73e Berlinale. Une chronique de sa vie et de celle de ses trois amis, Nestor Ngbandi Ngouyou, Aaron Koyasoukpengo et Benjamin Kongo Sombot, avec qui il partage tout, logement, repas, cours, sorties et galère.

Quatre vérités

Le film commence par une chanson. En gros plan, face caméra, le réalisateur chante son impuissance à changer les choses : « On dit souvent que la jeunesse est l’avenir. Les vieux nous ont menti. Ils se foutent de nous, ils ont tout verrouillé. Les jeunes étudient pour avancer mais les vieux ne font que les recaler. » Tourné pendant trois ans avec la complicité de ses amis, le film nous donne à voir les conditions de vie des étudiants de la seule université publique de sciences économiques : logements vétustes, salles de cours surchargées, manque d’argent. S’ajoute pour les étudiantes le harcèlement de certains enseignants qui ne s’en cachent pas. « Toutes les étudiantes appartiennent aux professeurs, vous allez chercher vos copines au lycée », disent-ils aux garçons. Les quatre amis discutent de tout. Aussi bien de la situation économique du pays que de leurs amours, de sexe ou d’avortement. On suit au commissariat Aaron, accusé à tort d’attentat à la pudeur par la tante de son amie qui demande comme compensation, entre autres, un cabri et six poulets ! On partage la tristesse de Nestor, passionné par ses études, brillant, qui, étonnamment, ne réussit pas son examen de licence et tous se demandent pourquoi. Même soutenu par ses amis, il doute de lui-même et remet en question son amitié avec Rafiki. « « Tu me traites non comme un ami mais comme si j’étais un personnage du film ! » posant ainsi une question importante pour tout documentaire : que deviennent les gens qu’on filme, après ? « A chacun son avenir », répond Rafiki. « Moi, je veux faire des films. » 

ANNIE GAVA

Nous étudiants, de Rafiki Fariala
En salle le 15 novembre
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