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À géométrie variable 

Plusieurs fois primé lors du dernier Cinémed (dont l’Antigone d’or), Ashkal nous plonge dans la Tunisie post-révolution, où beauté et folie se conjuguent

Ashkal, le nouveau film de Youssef Chebbi, commence par une intrigue policière. Sur le chantier abandonné d’un des bâtiments des « Jardins de Carthage », quartier luxueux de Tunis créé par l’ancien régime de Ben Ali et arrêté au moment de la révolution, un corps calciné est découvert. Deux policiers, Fatma (Fatma Oussaifi) et Batal (Mohamed Houcine Grayaa), sont chargés de l’enquête et parcourent un espace étrange fait de béton, de trous, de vide, de fenêtres découpées dans un noir angoissant. Quand un deuxième corps est retrouvé puis un autre encore, quand un individu, homme ou femme, silhouette encapuchonnée, envoie des vidéos d’immolations filmées par téléphone, cela a de quoi inquiéter Batal et Fatma. Celle-ci, prise de haut par ses collègues lui reprochant d’être à ce poste par piston : son père dirige la commission Vérité et Réhabilitation, « inspirée  d’une instance créée en 2013, Vérité et Dignité. Ceux qui appartenaient à l’ancien régime en appelaient à une grande loi de pardon national », précise Youssef Chebbi. 

Présence maléfique
Ces immolations sont-elles des suicides, des meurtres ? Y a-t-il, dans ce cas, un tueur isolé ? Un groupe ? On n’aura pas vraiment la réponse car très vite, la recherche de coupables devient une errance dans ces lieux qui semblent hantés par une présence maléfique. Longs plans séquences, personnages souvent sur-cadrés, donnant l’impression qu’un œil les guette : la tension monte au fil du film, accentuée par la musique de Thomas Kuratli. Évidemment, si le motif obsédant du feu renvoie à l’immolation de Mohamed Bouazizi le 17 décembre 2010 à Sidi Bouzid, le cinéaste précise que « l’immolation est devenue tellement habituelle qu’elle a perdu de son impact. La société ne veut plus voir, comprendre ou reconnaître comment on peut arriver à un tel désespoir. » Alors métaphore ? Symbole divin ? « Je voulais quelque chose qui contrecarre la froideur minimale des immeubles et leur donne vie. J’ai filmé ceux-ci comme des temples dont le cœur se mettrait à brûler. »
Même si la fin ne répond pas à toutes les questions, on apprécie la beauté formelle de ce film dont le titre Ashkal est le pluriel de « forme/motif », en arabe. Présenté en compétition à Cinémed, à Montpellier, il y a obtenu l’Antigone d’or, les Prix de la critique et de la meilleure musique. « C’est un film qui laisse une grande place au spectateur […], invité à être acteur. Le film n’est pas didactique, explicatif, et encore moins manichéen. Il s’adresse à notre intelligence, sans nous prendre par la main, ni nous donner la becquée », avait précisé Rachida Brakni, co-présidente du jury.

ANNIE GAVA

Ashkal de Youssef Chebbi
Sorti en salle le 25 janvier 
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