Il y a quelques jours disparaissait Le Ravi, le journal irrévérencieux marseillais qui faisait la part belle au dessin de presse. « La mort d’un journal satirique, c’est un pan de la liberté d’expression qui tombe », déplore Fathy Bourayou, fondateur du Festival du dessin de presse, de la caricature et de la satire (Fidep) qui tient sa onzième édition jusqu’au 18 septembre, à Marseille. Car « la liberté d’expression est aujourd’hui en danger par l’achat des titres de presse par les capitalistes », poursuit-il. Ces préoccupations, comme d’autres, le Fidep entend y revenir dans le cadre de son festival qu’il voit comme un « débat public et citoyen ». Pendant cinq jours, le quartier de l’Estaque va donc vivre au rythme des coups de crayons, de gueule, de l’humour, des débats et de la musique.
Chah d’Iran et chat de Tunisie
Le festival s’ouvre par une première série d’ateliers-rencontres au centre commercial du Grand littoral de Marseille (le 14), et deux expositions des dessinateurs Michel Roman (Le droit des enfants) et Batti (Regard sur la Corse), le 15. Au centre social Bassin de Séon pour le premier et au bar Denis pour le second.
La suite se déroule au boulodrome de l’Estaque le vendredi 16, renommé pour l’occasion « Village du dessin de presse ». Trois vernissages d’expositions de dessinateurs étrangers s’y tiennent à partir de 16 heures. Une première sur la caricature iranienne, par deux dessinateurs réfugiés en France : Kianoush Ramezani, collaborateur des journaux La Croix et Courrier International, et Shahrokh Heidari, qui distribue ses tacles sur IranWire. Une autre nous emmène en Tunisie avec le chat Willis de la dessinatrice Nadia Khiari, crayon pour Siné Madame, et Cristina Sampaio de Lisbonne, qui œuvre notamment au New York Times.
À la Maison des associations de l’Estaque, une grande exposition est consacrée à Slim, auteur de bande-dessinée algérien qui a notamment travaillé pour L’Humanité en France ou Le Soir d’Algérie. Un témoin de l’histoire politique de son pays, puisqu’il dessine depuis son indépendance en 1962.
Des rencontres et des débats ponctuent également ces cinq jours. Comme celui du samedi, intitulé « Peut-on rire de tout ? », éternelle question à laquelle vont s’essayer Slim, Kianoush Ramezani et Nadia Khiari. Le Fidep se veut aussi être un événement festif, avec une belle place laissée à la musique. On retrouve entre autres le concert de rock’n’raï de Ferradj le 16, ou la musique gitane de Santa Bahia le 17. Le rendez-vous se termine par la remise des prix et les fameux Chichi d’or, Panisse d’or et le prix Ricard-Tignous ce dimanche à 16 heures.
NICOLAS SANTUCCI
Festival international du dessin de presse, de la caricature et de la satire Jusqu’au 18 septembre, Marseille Entrée libre