Cela commence dans le noir par un solo de violon virtuose de Luz Prado (mais comment peut-elle démancher si précisément sans lumière ?) qui prend violemment aux tripes et au cœur. Puis la lumière est, et Alberto Cortés apparaît dans la lumière sculptée, comme un bijou aux bras effilés. Il est la grâce dans les feuillages, un Pan qui aurait oublié d’être difforme et serait aussi un Adonis. Il convoque deux amants sur une plage, évoque une domination et une maltraitance, un désir qui brûle, une douleur. Et convoque un spectre, Analphabet, qui a choisi ce nom « parce qu’il commence par anal ». Il s’adresse au public, descend de son piédestal feuillu et se lance dans une performance poétique dont le sens, obscur, éclaire pourtant comme une flamme. Les régisseurs sont des hommes nus qui déplacent lentement les feuillages. Il demande au public de mettre la main sur le cœur en signe d’empathie. Sa beauté, sa douleur, sont évidentes, et Analphabet bouleversant.
AGNES FRESCHEL
Analphabet a été joué les 24 et 25 septembre au Ballet de Marseille dans le cadre du festival actoral
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