Les 8 et 9 septembre dernier, le festival pluridisciplinaire actoral, dirigé par Hubert Colas a fait son inauguration au Mucem. Et comme depuis quelques années déjà, ces deux jours en prélude précèdent de deux semaines le début d’un rendez-vous incontournable des arts de la scène.
Cette année, le festival arbore les couleurs de l’inclusivité, du dialogue, du partage. actoral célèbre « l’humanité des corps oubliés », la différence des genres, la singularité des récits. Il creuse les mémoires et fait honneur aux voix singulières. Tout en remettant celles-ci au cœur de la cité.
Ainsi, de River Lin, qui, dans My body is a public collection, fait déambuler les danseurs du Ballet national de Marseille au milieu du public regroupé dans le forum du musée. Interactions, regards, sourires : la frontière entre plateau et salle disparaît. Les spectateurs esquissent quelques pas de danse, écoutent un récit ou observent la chorégraphie conçue autour d’un objet des collections du musée, fragment oublié d’une mémoire pourtant commune.
De l’inattendu
C’est aussi sous le signe du dialogue que cette édition se joue. Dialogue entre danse et musée : pour Dress-up, Darius Dolatyari-Dolatdoust a pioché dans les collections du Mucem différents costumes traditionnels ensuite réassemblés pour produire une performance entre surface et profondeur qui explore les facettes du moi. Dialogue entre cinéma et littérature, pour des ciné-lectures inspirés de films rares extraits des collections. Dialogue entre public et interprètes enfin, lorsque Stéphanie Aflalo détourne dans LIVE les codes d’un concert pop, pour produire en sous-sol la mélodie d’un one-woman show décapant. Un moment de complicité drolatique et tendre.
Il souffle sur ce festival, et c’est là sa rareté, un esprit de partage, d’aventure et de rencontres. Si toute aventure comporte sa part d’imprévus (comme une jauge plus réduite pour Dress-up, qui aura laissé quelques spectateurs déçus patienter au bar), c’est avec jubilation, dans d’un esprit festif mêlant art et revendication, que se clôt une riche soirée. Le set musical conçus par les artistes queer Flor Mata, Janis et mx.pinky révèle en effet une pop électro, sensible et envoûtante dont le maître mot, toujours, est de montrer que la scène est le lieu d’un questionnement vital sur nos différents rapports au monde. Et actoral le démontre avec brio, édition après édition.
ÉTIENNE LETERRIER-GRIMAL
Le prélude d’actoral a été donné au Mucem ces 8 et 9 septembre Le festival se poursuit jusqu'au 14 octobre