Le mois des fiertés a commencé, et avec lui ses polémiques médiatiques. Agrégeant les luttes, solidaires avec les femmes interdites de foulard en France et les Palestiniens sous les bombes (un pin’s porté sur le revers de la veste au premier plan), l’affiche de la pride parisienne, combat le cliché d’une homophobie générale des musulmans et met KO un facho à la croix celtique.
La symbolique heurte. Y compris une partie de la communauté. D’autant que de nombreux LGB (surtout les G et pas trop les TQI) votent pour l’extrême droite, en oubliant qu’elle est l’alliée Orban et l’invite à ses fêtes.
Convergence des discriminations
De fait, les LGBTQI subissent des discriminations, des violences ou des répressions d’État dans la plupart des pays musulmans, mais ils n’en ont pas l’apanage. La Hongrie interdit la Pride, la Pologne, la Bulgarie, la Roumanie… ne reconnaissent ni le mariage et ni l’union civile homosexuelle, la Russie inscrit « le mouvement international LGBT » dans la liste des organisations terroristes, les États-Unis licencient les militaires trans, la Chine continue à pratiquer des « conversions homosexuelles »… Bref l’homophobie est très uniformément partagée, et la Manif pour tous en France était menée par les catholiques.


La vague Marseille
Pour autant, figurer les LGBTQI par des dessins symboliques de causes diverses méconnaît la fluidité des nouvelles générations, leur refus des assignations genrées et leur désir de se dessiner eux-mêmes hors des cases.
La convergence des luttes contre la domination, masculine, hétéro, raciale, religieuse, sociale… ne peut pas se dire seulement en multipliant des signes, mais en faisant connaître la réalité humaine, sa diversité, ses visages.
L’affiche marseillaise, sans assigner, sans désigner d’ennemi, sans violence, est aussi combative, et beaucoup plus généreuse. Elle n’est pas sponsorisée par Durex ou Paypal, mais par l’ensemble des collectivités, Ville de Marseille en tête, et par une flopée de structures culturelles publiques. Les âges, les orientations, les identités de genre s’y côtoient, tournés vers le même objectif : briser la vague réactionnaire qui nous menace. Et ne nous fera pas disparaître.
Agnès Freschel
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