Il est un des grands noms de la scène contemporaine. Le chorégraphe anglais a débuté à 13 ans dans le Mahâbhârata de Peter Brook (1987), faisant sonner les clochettes khataks à ses chevilles ; il a dansé et créé des spectacles mémorables où les arts de la scène croisent leurs traditions, indiennes mais aussi moyen orientales et africaines, avec la danse contemporaine ; il a collaboré avec Sidi Larbi Cherkhaoui ou Juliette Binoche, a conçu une partie, la plus belle, de la cérémonie d’ouverture des J.O. de Londres…
Anglais né à Londres de parents venus du Bangladesh, fabuleux danseur riche de sa double culture chorégraphique, formé à la plus narrative des danses classiques indiennes, le Khatak, qui a souvent infiltré ses spectacles, il veut franchir, avec Gigénis, un pas de plus vers ses origines, et retrouver le récit d’une genèse, d’une « generation of the earth ».
Pour cela il a rassemblé des interprètes des deux grands styles classiques indiens, le Bharata natyam (danse) et Kutiyattam (théâtre), ceux qui ont la plus forte dimension spirituelle, et relatent des cosmogonies – ces récits mythologiques qui décrivent la formation du monde : les six danseurs indiens, qu’il accompagne sur scène, seront portés par sept musiciens indiens (violon, percussions, contrebasse et voix) qui mêlent eux aussi les styles classiques indiens, modalités et quarts de tons non tempérés.
Une autre création
Car dans la danse comme dans la musique indienne il n’est pas question d’opposer traditionnel et classique, narratif et ornemental, et moins encore répertoire et création. Riches de transmissions multiséculaires et d’influences de régions diverses, de cosmogonies mais aussi de luttes au présent, les danses et musiques du sous-continent indien bouleversent les attentes occidentales. Comme l’explique le chorégraphe, l’homme occidental veut « voir pour croire », alors que l’Indien sait qu’il faut souvent « croire pour voir »… Une invitation à changer nos regards, à nous laisser porter par l’extrême raffinement des gestes et des modes pour percevoir, peut-être, au-delà ?
Akhram Khan sur scène, danseur toujours aussi fascinant, sera notre lien, notre truchement contemporain, vers des mythes partagés, une cosmogonie et un récit de la génération de la Terre qui existe, en sanskrit, avant celui de la genèse biblique. Une création du monde qui verra le jour à Aix-en-Provence ! Et voyagera ensuite à Paris, Singapour, Londres et New York.
AGNÈS FRESCHEL
Gigenis, the generation of the earth
Les 30 et 31 août
Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence