Rouvrir le monde est la déclinaison par la Direction régionale des affaires culturelles de la Région Paca du dispositif national L’été culturel, impulsé depuis 2020 par le ministère de la Culture. Des résidences artistiques participatives d’une quinzaine de jours ont ainsi été organisées sur le territoire régional, dans de bonnes conditions matérielles pour les artistes (2000 euros de rémunération), dont la coordination a été confiée au Château de Servières à Marseille, qui a accompagné au cours de l’été dernier 22 projets. Dans l’exposition visible jusqu’au 23 mars au boulevard Boisson, seize des artistes résidents présentent le travail réalisé pendant ces résidences au regard de leur pratique (les six autres artistes ont exposé au Mac Arteum de Châteauneuf-le-Rouge, du 10 au 24 février). L’exposition est dédiée à Hélène Lorson, « conseillère action culturelle et territoriale en charge des Bouches-du-Rhône, dont le soutien, l’investissement et l’exigence ont contribué à la mise en œuvre et au succès du dispositif et des restitutions Rouvrir le Monde, Eté culturel », disparue brutalement le 5 janvier dernier, à l’âge de 50 ans.
Six espaces
Rouvrir le monde se décline en six espaces, orientés chacun par une « dominante ». Dans le vaste et cosy – ce n’est pas si courant – espace consacré aux travaux vidéos, on peut notamment voir sur grand écran le travail de Clara Drevet et Suzon Pinard avec un équipage de gamin·e·s embarqués dans une épopée maritime, munis d’une solide inventivité, quelques bouts de ficelles, et d’astucieux cadrages. Ou celui de Nina Almberg et Margaux Sirven, partagé avec des habitant·e·s de Fos-sur-Mer, témoignant de l’histoire, le présent, la transformation, la préservation et la transmission des paysages dans lesquels ils vivent. Une autre salle propose, avec les œuvres délicates de Sophie Blet, d’Alexandre Takuya-Kato et d’Hélène Bellanger, une rêverie entre matérialités et immatérialités. Autour de la notion de temps qui passe, une salle propose des œuvres liées à l’architecture et au paysage, En attendant qu’elle tombe de Delphine Mogarra, The wall are the wind and the ceiling is the sky d’Elsa Martinez, et plus loin The line project de Rita Parker.
On trouve également la proposition urbaniste de Laurine Schott, qui a créé avec les enfants, ados et adultes du centre social Saint-Gabriel les différentes pièces d’une grande maquette sur table, pour concevoir de façon collective et ludique un espace public. Une autre salle est entièrement rythmée par les portraits photographiques réalisés par Aurélien Meimaris avec les résidentes de « Moulin Accueil » à Marseille, au sol les carreaux et chaussures en céramique de Célia Tremori. Dans un petit espace en recoin, Kania Hubert-Low documente et interroge à travers ses publications sur les réseaux sociaux et depuis sa triple origine, française, états-unienne et chinoise, l’espace du « chez soi », l’intime et le public, l’étranger et le familier. Enfin une salle met en présence les figures entre gore et sacré d’Elvire Ménétrier, tonsure sur moquette rouge sang, eau de javel peinte sur tissu noir ou sur coton, ferronnerie, et les interrogations ironiques (Camouflag, L’artiste en vacances) sur le rôle de l’artiste dans la société de Léonard Rachex.
MARC VOIRY
Rouvrir le monde
Jusqu’au 23 mars
Château de Servières, Marseille
chateaudeservieres.org