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Au musée Ziem, une galerie de portraits

Deux fois par an à Martigues, le musée Ziem promeut sa collection permanente à travers des expositions thématiques. Visite de Miroir Ô Miroir

À l’occasion de Miroir Ô Miroir, 145 œuvres sortent des réserves sur un fonds qui compte pas moins de 9000 pièces de l’Antiquité au XXe siècle. Sans surprise, le parcours analytique ébauche quelques réponses aux questions que le portrait suppose en tant qu’excellent révélateur de la société. Qui ? Quoi ? Pourquoi ? Comment ? Ainsi les portraits officiels, évoqués ici par quatre anciens maires de Martigues, deux ecclésiastiques et un gouverneur d’Indochine. En pied ou en buste, en habit ou en uniforme, ils disent beaucoup de leur personnalité selon qu’ils ont choisi de se représenter avec tous les honneurs ou en toute humilité. De la même manière, portraits et autoportraits d’artistes soulèvent un coin du voile sur leur manière d’affirmer leur statut. En 1883, Aimé Ponson se peint dans un style purement académique, fond sombre et pose hiératique, tandis que Ziem ose une touche et une palette chromatique plus « modernes », expérimentant une dynamique nouvelle. Plus proche de nous, en 1984, André Villers photographie Hans Hartung de dos tandis qu’en 1987, Bernard Boespflug saisit au vol le jeune Gérard Traquandi. Le buste de Rodin sculpté par Camille Claudel, en plâtre patiné à la cire, garde les traces de leur passion fougueuse tandis que le buste de Mistral coiffé d’un chapeau par Carli, en plâtre et ciment blanc armé, affirme sans ambages l’autorité de l’écrivain. Images posées ou volées, les artistes gardent leur mystère.

Félix Ziem, Autoportrait 1855, Huile et craie sur toile 91 x 66 cm – Musée Ziem, Martigues (c) Gérard Dufrêne

En tous genres
Hésitation, Tristesse, Rêverie après le bal… Une série de portraits de modèles inconnues ont pour unique objet le symbole ou la métaphore. La lithographie Les Yeux clos d’Odilon Redon, dont la peinture est au musée d’Orsay, en est l’un des meilleurs exemples qui marqua l’émergence du mouvement symboliste. Là le portrait dépasse le vivant pour atteindre le monde des rêves et de l’invisible. D’autres, comme Fernande Hortense Cécile de Martens, peintre et cofondatrice du musée Ziem, transforment une scène de genre (Visite au grand-père) en allégorie auréolée de lumière divine. Plus conventionnels, les portraits régionalistes ou réalistes comme les portraits bourgeois sont le miroir des castes, des cultures, des arts de vivre. On s’y représente en costumes traditionnels, avec les attributs liés à sa fonction, dans un décorum qui raconte son époque. À l’issue de l’exposition, on s’interroge sur ce que dira de nous les selfies…

MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Miroir Ô Miroir 
Jusqu’au 21 mai
Musée Ziem, Martigues
martigues.fr
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