Laissez derrière vous l’effervescence du Festival d’Avignon, haut-lieu de théâtre et d’arts de la scène, et passez le pont. De l’autre côté du Rhône, Villeneuve-lez-Avignon se présente volontairement comme le « jardin du festival d’Avignon ». Du 10 au 22 juillet, un festival singulier s’y déploie dans une zone naturelle protégée de 2,5 hectares située sur la rive nord du fleuve, la plaine de l’Abbaye, dont la fraîcheur bucolique possède un charme des plus intemporel. Partie intégrante du Off d’Avignon, Villeneuve en Scène s’affiche comme un événement culturel à part entière. Sa spécificité ? Être « le festival des écritures itinérantes ». Avec la volonté de promouvoir « des spectacles riches et variés où le théâtre côtoie le cirque, les musiques, la danse et les arts de la rue » afin de montrer un « panorama de la création d’aujourd’hui en spectacle vivant ».
Né en 1996, ce slow-festival est un hymne à l’itinérance artistique sous toutes ses formes. Pour minimiser l’impact environnemental, tout se joue en plein air, sous les chapiteaux et autres structures mobiles comme entre les roulottes de compagnies souvent nomades. Un souci d’éco-responsabilité et une façon de s’ouvrir à un public le plus large possible, la proximité étant dans son ADN, comme dans celui des compagnies invitées.
Sur les traces d’un aventurier norvégien
Cette année, les familles sont au cœur de la programmation, laquelle propose une douzaine de spectacles en intermittence : Avant la nuit d’après se révèle un moment de théâtre équestre enchanteur avec le cirque EquiNote, alors que Passage du Nord-Ouest est une grande fresque de théâtre dans laquelle le groupe Tonne emmène les spectateurs, petits et grands, sur les traces de Roald Amundsen, un célèbre aventurier norvégien. Autre spectacle à voir en famille, autre genre : Le Cabaret renversé de La Faux Populaire, ludique et surprenant à souhait. Également pour les jeunes spectateurs, Dissolution est une histoire intergénérationnelle extrêmement touchante sur les liens familiaux interprétée par le CDN Nancy Lorraine. Ce dernier monte une autre pièce, cette fois à destination des ados, l’âge de la révolte : Skolstrejk, issu du slogan de la jeune militante pour le climat Greta Thunberg, soit « Skolstrejk för klimatet » (à traduire par : grève scolaire pour le climat). De nombreuses formes hybrides sont aussi à découvrir, que ce soit le très sensoriel Anatomie du désir, un « objet circassien métaphysique non identifié » proposé par Boris Gibé de la compagnie Les Choses de rien. Ou Continent, de Komplex Kapharnaüm, compagnie habituée du festival, une forme performative et musicale autour du texte de Stéphane Bonnard, écrit après avoir vécu 18 mois au sein d’un squat illégal à Lyon.
Place à la danse le temps d’une soirée « trois-en-un », présentant trois spectacles à découvrir l’un après l’autre. À commencer par la Cie Vilcanota et son joyeux Short people, suivi par Autrement qu’ainsi, solo chorégraphique de la compagnie du Montpelliérain Yann Lheureux autour de la maladie d’Alzeihmer. Avant de clore la soirée avec Valse à Newton par les trois danseurs du Grand Jeté ! autour d’un pendule géant. Notre coup de cœur va à La Boîte de Pandore par la Cie Betterland, en co-programmation avec La Chartreuse, dans lequel Marion Coulomb traite avec espoir et résilience du sujet complexe des violences sexuelles sur mineur·es, entre lancers de couteaux et guitare électrique. Vaste programme !
ALICE ROLLAND
Villeneuve en Scène Du 10 au 22 juillet Divers lieux, Villeneuve-lez-Avignon festivalvilleneuveenscene.com