En cinq soirées, cinq spectacles suivis chacun d’un débat sur les questions qu’ils soulèvent, le Théâtre des Chartreux pose un regard acéré sur des problématiques locales ou universelles, posées par des hommes et des femmes victimes de violences et discriminations historiques.
Scènes docu s’ouvre le 29 juin avec un texte de Mina Sperling, photographe qui aux Rencontres d’Arles avait soigneusement découpé l’image de son grand père sur les photos de famille. Victime d’inceste, elle a écrit un texte liminaire pour cette exposition, porté désormais sur scène par Lunell Oudelin (Cie Equivog).
Le lendemain Maire Ubu : Michel Couartou a écrit, pour six comédiens, une pièce qui donne la parole aux centaines, aux milliers de délogés après le drame de la rue d’Aubagne, le 5 novembre 2018. Ou comment une mairie affolée édite à tour de bras des arrêtés de péril, expulse sans reloger, dépassée par sa propre impuissance à gérer le réel. En contrepoint, la parole de tous ceux qui ont subi des années de relogement de fortune, de destruction de leur intimité, et de situations… ubuesques !
Le 2 juillet, Béa Insa fera parler les femmes victimes du franquisme, depuis les bombardements jusqu’aux exils, et le quotidien des ouvrières après-guerre. Le 3 juillet une femme encore, soupçonnée de terrorisme, interrogée par les services secrets, dans un dialogue où le soupçon et le doute s’installent. L’arbitraire ? Michel Couartou (Cie Le Bar de la Poste) compose un huis clos qui pose la question des arrestations arbitraires, et de la définition, tout aussi arbitraire, de ce qui est qualifié de terroriste.
C’est Manifeste Rien qui clôturera Scène docu le 4 juillet, avec La Marseillaise en bref ! la compagnie s’attache depuis sa création à l’histoire cachée de Marseille, celle des migrations, des exils, des pogroms et assassinats d’étrangers, celle de la classe ouvrière et des femmes… La Marseillaise en bref ! plonge dans l’histoire du rejet de l’étranger à Marseille, et de la mort de trois ouvriers italiens en 1881, parce qu’ils avaient sifflé la Marseillaise. Tissant des échos avec l’histoire récente, celle du foot qui intègre ou désintègre, celle des ratonnades de 1973, la pièce, est portée sur scène par Olivier Boudrand qui a écrit le texte et mené l’enquête avec Jérémy Beschon, Au delà de la notion de théâtre documentaire, un théâtre politique, au bon sens du terme.
AGNÈS FRESCHEL
Scènes docu
Du 29 juin au 4 juillet
Théâtre des Chartreux, Marseille
theatredeschartreux.com