Les rendez-vous estivaux d’Avant le soir continuent de réunir un public nombreux d’habitués, de curieux et d’amoureux du spectacle vivant de tous bords. Parmi eux, les amateurs de musique sont évidemment certains des mieux servis. Il faut dire que la programmation conçue par Renaud-Marie Leblanc (de la compagnie Didascalie & co) préfère célébrer une musique exigeante, là où le plein air implique souvent musiques amplifiées et reprises pseudo-jazzy vermoulues.
Accords et mets
C’est donc en compagnie de Bach et de sa Suite n°3 pour violoncelle que nous nous retrouvons dans l’espace vert du jardin Benedetti, après une brève introduction extraite de très belles pages de Komitas. « Arménien, comme ma mère », précisera Jean-Florent Gabriel en guise de présentation, avant de préparer son auditoire à des sonorités plus familières. Moins désespérées, les danses extraites de la Suite n°3 sont cependant interprétées avec tout autant de générosité et de lyrisme. Aux arpèges et au contrepoint touffus du « Prélude » répondent le chant simple et délicat de la « Sarabande ». Il n’en fallait pas moins au chef cuisinier Louis Masson pour imaginer des saveurs « marquées par la force, mais aussi par quelque chose d’enveloppant », mélangeant morue et patate douce, menthe, fenouil et lait de coco. La suite de Cassadó interprétée ensuite se fait également dansante, forte d’accents que le violoncelliste assume d’amener « du côté de sonorités flamenca ». Le phrasé s’y fait tout aussi maîtrisé et généreux ; la verrine qui suit, plus méridionale, acide mais également ancrée dans la terre, avec force champignon, s’y accorde de nouveau à merveille.
Suzanne Canessa
Le concert gustatif est de retour le 1er août au square Albrecht et le 7 août au square Labadié, Marseille.