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Averroès prend un coup de jeune, et de féminin

Après 30 éditions, Thierry Fabre a laissé la place à de Nouvelles Rencontres d’Averroès augmentées et paritaires dues à six programmateur.ices*. Entretien avec l’une d’entre elles, Chloé Cambreling, journaliste

Zébuline. Vous annoncez de Nouvelles Rencontres d’Averroès, sous titrées Marseille, la Méditerranée, le monde. Quel est votre lien avec votre prédécesseur et fondateur des Rencontres ?  

Chloé Cambreling. Nous nous inscrivons dans l’héritage de Thierry Fabre, pour lequel nous avons beaucoup d’estime. Mais en même temps ce sont bien de « nouvelles » Rencontres. L’esprit demeure, avec les tables rondes et leur manière d’aborder les sujets, mais nous proposons de nouveaux formats.

Les Tables rondes demeurent mais il n’y en a plus que trois, et leurs titres ne reflètent pas une problématique, mais une idée. Pourquoi ces choix ? 

Nous voulons laisser la place dans la grande salle pour un nouveau format, le « grand entretien » qui remplace en quelque sorte la quatrième table ronde. Nous avons conservé l’articulation entre le thème général « Méditerranée année zéro », et ses déclinaisons en débats, qui malgré leur titre/mot  posent bien des problématiques ! « Sentinelle » pose la Méditerranée comme un espace annonciateur des catastrophes ou des éclaircies collectives. Avec Valérie Masson-Delmotte, climatologue, Alessandro Giacone, historien de la construction européenne, et Pierre Zaoui, philosophe, auteur de La Traversée des catastrophes. « Échiquier » est plus directement politique avec les historiens David Abulafia et Florian Louis et la professeure de droit Jinan Limam. Il sera question des guerres, des empires et des migrations, qui suivent ou non les règles du jeu. La troisième table ronde, « Mythologies », sera celle des récits. Du passé, mais surtout des imaginaires, qui peuvent ouvrir l’avenir. Avec Paulin Ismard, spécialiste d’histoire antique, Sadia Agous, chercheuse en littérature arabes et hébraïques, et la dramaturge Lina Prosa, autrice de Lampedusa Beach. Ce sont trois entrées différentes pour un thème commun. 

Justement, que signifie ce thème, « Méditerranée année zéro » ? 

C’est bien entendu une manière d’acter le fait que ce sont des nouvelles rencontres. Mais cela n’est pas qu’anecdotique : porter sur la Méditerranée un regard nouveau, un regard d’aujourd’hui, nous semble nécessaire, en prenant en compte la gravité du moment que nous vivons. De quel côté du zéro sommes-nous, celui de la disparition ? Ce zéro, on peut aussi le prendre comme le début quelque chose, la possibilité d’un futur désirable. Sans faire table rase, que voulons nous proposer ? 

Vous parlez de gravité du moment. Sera-t-il question d’Israel, de la Palestine et du Liban, des échecs des printemps arabes, des exils et des morts de notre mer ? 

Evidemment, cela sera en filigrane de toutes les tables rondes, et plus particulièrement du grand entretien avec Ghassan Salamé. Le regard de cette grande personnalité libanaise sur la Méditerranée et sur l’état du monde est plus important que jamais.

Ce format du grand entretien n’est pas contradictoire…

Ce n’est pas un débat effectivement, nous avons choisi cet invité parce que son parcours personnel est susceptible de nous éclairer sur les enjeux actuels du mode. Il aura une discussion avec Brigitte Curmi et moi-même qui, sans constituer un débat contradictoire, posera des questions et générera un point de vue multiple. 

Autre nouveauté, les tables rondes seront accompagnées de masterclasses… 

Oui, chacune en écho avec les problématiques abordées. L’idée étant qu’un invité, qui n’est pas un chercheur mais travaille sur les questions méditerranéennes, offre un prélude, un contrepoint d’une heure aux tables rondes. Ainsi la masterclasse de Nicolas Floc’h, artiste qui photographie les fonds sous-marins, leurs écosystèmes et leurs transformations, s’inscrit en écho avec « Sentinelle », celle de Delphine Rouilleault, magistrate spécialiste des migrations, sera en rapport avec « Échiquier », et Jul, qui met en BD l’histoire antique avec 50 nuances de grecs, est bien sûr en rapport avec « Mythologies ». 

Votre programmation artistique est-elle aussi faite de continuité et de nouveautés… 

Effectivement, le concert de clôture est une tradition, confiée à Aynur, chanteuse kurde symbole de résistance. Mais il y aura aussi un nouveau format original, le jeudi, à l’Espace Julien : Année Zéro, mille possibles commencera par un débat militant avec Margaux Mazellier et Amine Kessaci, suivie d’une performance de la poétesse Rim Battal accompagnée de l’electro de Syqlone, artiste de la scène bass chaâbi, avant son live. Une soirée qui veut mixer les publics autant que les sons et les gens. 

Des lectures aussi…

Oui. Ce format existait avant, l’an dernier en particulier avec Kamel Khelif. On le reprend ici avec Le Prophète : le  livre de Khalil Gibran a plus de 100 ans et plus de 100 langues de traduction. Zeina Abirached en a fait une BD, et son spectacle mêlera lecture, dessins projetés et musique live. L’autre lecture, Toi et ton frère, est faite par un acteur à la voix très identifiée, Micha Lescot, mais le texte est moins connu ! Il s’agit de faire découvrir le récit de Marie Cosnay, sur la saga des frères Barberousse. 

Peut-on dire que Averroès Junior s’inscrit dans la poursuite du travail entamé, le Collège de la Méditerranée dans son renforcement, et la Bibliothèque Bleue dans la nouveauté ?   

Oui. Les conférences du Collège de la méditerranée organisées par Julien Loiseau font désormais partie intégrante, au long de l’année, des Nouvelles Rencontres d’Averroès, qu’elles précèdent ou poursuivent. La bibliothèque bleue, est un temps où nous, les programmateurs, partageons nos lectures, nos coups de cœur, pour donner à voir l’importance et la diversité des écrits en sciences humaines sur le sujet méditerranéen. Depuis la recherche académique jusqu’aux essais poétiques… Quant à Averroès Junior, qui travaille bien en amont des Rencontres, et sur d’autres territoires que Marseille, c’est un volet essentiel de la programmation. Il est terriblement important que les adolescents s’emparent de ces problématiques. Ce qu’ils ont à proposer est précieux. Pour eux, l’année zéro, ce sont des envies, un monde qui s’ouvre. Ils font partie intégrante des Nouvelles Rencontres, comme une constante d’Averroès, au-delà du changement, au-delà des quatre jours de programmation.

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AgnEs Freschel

*Rémi Baille, écrivain, Sobhi Bouderbala, historien, Chloé Cambreling, journaliste, Julien Loiseau, historien, Nadia Champesme et Fabienne Pavia, codirectrices de l’association Des Livres comme des idées. 

Nouvelles Rencontres d’Averroès

21 novembre
Masterclasse avec Delphine Rouilleault
18h, La Baleine

Année zéro, mille possibles
19h, Espace Julien
Théâtre national de La Criée

Le 22 novembre
Sentinelle, Table Ronde 15 h 
Masterclasse avec Nicolas Floc’h, 17 h
Bibliothèque bleue, 19h
Le Prophète, 20h30

Le 23 novembre
Masterclasse avec Jul, 11 h
Échiquier, Table ronde, 14h30
Grand Entretien avec Ghassan Salamé, 18 h
Toi et ton frère, 21h

Le 24 novembre
Mythologies, Table ronde 11 h

Aynur
Le 4 novembre, 17 h
Le Silo

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