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Bien faire son boulot 

Avec Vie de voyou, Jeanne Lazar retrace le parcours du braqueur Rédoine Faïd, et grâce à lui, dresse un portrait engagé des années Sarkozy

Avant que ne commence le spectacle, elle s’avance sur le plateau et lit un texte de soutien au mouvement contre la réforme des retraites. Puis, en prologue à Vie de voyou, un policier prend la parole, évoquant la disparition de la police de proximité dans les années 2000, et ses conséquences néfastes. Il voudrait juste continuer à bien faire son métier, sans que celui-ci rime seulement avec répression. Aucun doute, Jeanne Lazar, elle aussi, fait le job. Celui d’une autrice et metteuse en scène engagée, pour qui le théâtre est la chambre privilégiée des échos du monde. D’où la fiction qu’elle a imaginée à partir de l’existence hors normes du célèbre braqueur Rédoine Faïd. À travers la figure de ce bad boy très médiatisé, elle brosse le tableau de la France des années Sarkozy : montée en puissance de médias racoleurs, atteintes à l’impartialité de la justice… Pour écrire, elle a puisé dans des articles, des interviews, des récits. Théâtre documenté, documentaire, qui met en scène un passé récent, pour en révéler les dérives actuelles.

Une histoire commune
Un théâtre vivant, en prise avec les questions d’aujourd’hui. Cela donne une pièce en trois parties ; trois temps du parcours de Faïd, de son évasion spectaculaire de 2018 à son procès en 2020. La scène se transforme en salle de rédaction, en plateau télé, en cour de justice. Sur des portants à vue côté jardin, les comédiens prennent les costumes dont ils ont besoin pour endosser au mieux leur rôle de juge, d’avocate, de journalistes, de présentateur, de policier. Quant au braqueur, il apparaît en star, avec musique et fumigènes, au cœur du spectacle, dans un flash-back de 2010. Apparition troublante et séductrice, incarnée par l’androgyne Morgane Vallée, à qui on donnerait (presque) l’absolution, tant sa repentance semble sincère. Mais à sa démarche sinueuse, à sa douceur apparente, il ne faut pas se fier. Comme il ne faut pas croire tout ce que le cinéma raconte des voyous. C’est ce que la fin, poétique, comme en suspens, laisse entendre.

Un spectacle dynamique, qui mixe habilement les époques et les techniques (vidéo, musique – même si on peut regretter un orgue quelque peu envahissant –), multiplie les clins d’œil à l’actualité et entraîne le spectateur dans une histoire qui est aussi un peu la sienne.

FRED ROBERT

Vie de voyou a été donné du 7 au 11 février au Théâtre Joliette, Marseille. 
Une pièce proposée par le Théâtre du Gymnase hors les murs.
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