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Carré d’Art fête ses trente ans : « Nous avons une collection qui est l’une des plus grandes de France »

Inauguré à Nîmes le 9 mai 1993 dans un bâtiment à l’architecture futuriste signé Norman Foster, Carré d’Art est devenu un lieu incontournable pour les amateurs d’art contemporain. Il fête cette année ses trente ans avec une exposition qui investit la ville. Entretien avec Jean-Marc Prévost, son conservateur en chef et directeur

Zébuline. Que signifient trente ans d’existence pour un lieu comme le votre ?

Jean-Marc Prévost. Trente ans, c’est important, bien que Carré d’Art soit assez récent par rapport à d’autres musées. Ce que je voulais faire avant tout à l’occasion de ce trentième anniversaire, c’était montrer la collection : nous sommes un musée, non un centre d’art, donc nous avons une collection qui est l’une des plus grandes de France, avec un rayonnement international très important. Elle a été constituée dès le milieu des années 1980, soit avant même l’ouverture du lieu. Pour les dix ans du musée, ce sont les collections du centre Pompidou qui ont été présentées, pour les vingt ans la collection personnelle de Norman Foster. Je voulais montrer que nous avions nous aussi une collection importante, que les gens puissent la découvrir… et les Nîmois en être fiers. C’était assez symbolique.

Que trouve-t-on dans la collection de Carré d’Art et de quelle manière s’est-elle enrichie ?

Le musée a été pensé par Jean Bousquet, le maire de Nîmes de l’époque, et Bob Calle, son ami, qui était collectionneur. À cette époque, il n’avaient pas de collection, pourtant nécessaire à la création d’un musée, ils ont donc beaucoup investi afin d’acquérir des œuvres. Il y a aussi eu un certain nombre de dons de la part de galeries et de collectionneurs. Une véritable énergie s’est déployée autour de cette idée de créer un musée. Au fil du temps, la collection s’est enrichie, avec d’autres acquisitions, des dons, notamment de la part des artistes exposés, mais aussi des dépôts du Fonds national d’art contemporain (Fnac) et du Fonds régional d’art contemporain (Frac) Occitanie. Le fonds compte aujourd’hui 700 œuvres, mais toutes ne sont pas de même taille. Il s’agit véritablement d’une collection de musée d’art contemporain : elle commence dans les années 1960, avec le nouveau réalisme, Supports/Surfaces et des artistes comme Daniel Buren et continue jusqu’à aujourd’hui.

Quel a été votre apport personnel depuis votre arrivée en 2012 et de quelle manière avez-vous pris la continuité du projet artistique ?

Si on compte Bob Calle, il y a eu seulement quatre directeurs en trente ans. Cela permet une continuité, que ce soit au niveau de la constitution du fonds comme de la programmation. C’est aujourd’hui un musée à la renommée internationale, les artistes présentés ici sont les mêmes que ceux que l’on voit à Paris ou New York. Dès le départ, Jean Bousquet voulait un musée qui rayonne au-delà de Nîmes et même au-delà de la France. J’ai contribué à cette exigence de programmation avec mes propres choix. Cet été, nous avons présenté le travail de Glenn Ligon, une star aux États-Unis, dont c’était la première exposition en France, ce qui a fait se déplacer beaucoup d’Américains. En ce qui concerne la collection, j’ai orienté les choix d’acquisition sur certains artistes, avec une ouverture vers le bassin méditerranéen, particulièrement le Moyen-Orient que je connais bien. Des artistes libanais ou égyptiens sont entrés dans la collection parce que cela faisait sens. Ainsi que de nombreuses femmes, qui n’étaient pas très représentées dans la collection. Des artistes importants sont entrés dans la collection, comme Walid Raad ou Nairy Baghramian, l’idée étant de faire des ensembles autour de certains artistes, je n’achète jamais une seule œuvre, parfois les acquisitions se font sur plusieurs années.

Parlez-nous du programme des trente ans, lequel investit de nombreux lieux de la ville.

Malgré nos 2 400 m2 d’exposition, nous n’avons pas assez d’espace pour présenter la collection dans son intégralité. C’est pourquoi j’ai proposé que nous en présentions une partie dans les autres musées de la ville, en dialogue avec leurs conservateurs, en choisissant des pièces qui correspondent à leurs collections. Même au musée de la Romanité, il y aura exceptionnellement l’exposition d’un artiste contemporain, Oliver Laric. C’est un parcours dans la ville, car souvent les gens qui viennent au musée d’art contemporain ne prennent pas le temps de visiter Nîmes. J’ai aussi invité trois artistes, Walid Raad, Suzanne Lafont et Tarik Kiswanson, qui ont déjà été exposés à Carré d’Art et dont les œuvres sont dans la collection, à porter des regards sur la collection. Walid Raad, a inventé une fiction, comme il fait souvent. Suzanne Lafont a fait un choix parmi la collection photographique, Tarik Kiswanson parmi les œuvres les plus contemporaines. C’était important qu’il y ait des regards extérieurs au mien. Je présente aussi le travail du chorégraphe Noé Soulier à la chapelle des Jésuites. Le Carré d’Art, c’est aussi la bibliothèque : le jour de l’inauguration ils organisent un grand bal littéraire. À l’automne nous aurons aussi la première exposition de Claude Viallat. Nous avons déjà des œuvres de lui dans la collection, il est régulièrement montré mais cela sera sa première exposition personnelle.

Un festival d’art contemporain triennal est annoncé dès 2024, que pouvez-vous nous en dire ? 

L’année prochaine, au mois d’avril, il y aura une manifestation d’art contemporain dans la ville qui comprendra aussi bien les arts visuels que la danse, mais pas seulement… Pendant un peu plus de deux mois, il y aura vraiment beaucoup de choses autour de la création contemporaine. Bien évidemment le Carré d’Art y participera. Nous avons déjà commencé à travailler à ce sujet avec les commissaires, qui ont été nommés mais dont je ne peux pas encore dire le nom…

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR ALICE ROLLAND

30 ans de Carré d’Art
Jusqu’au 31 décembre
Divers lieux, Nîmes
carreartmusee.com
Martine SYMS, Ugly Plymouths, 2020

Carré d’Art : entre Antiquité et modernité

Sans ciller, il contemple 2 000 ans d’histoire… Palais de verre, de béton et d’acier dessiné par l’architecte britannique lord Norman Foster, Carré d’art trône depuis trente ans sur l’ancienne place du forum romain, faisant face avec aplomb à la Maison carrée, bijou antique. Inauguré le 9 mai 1993, le lieu est un projet ambitieux, tant d’un point de vue architectural qu’artistique. Si c’est avant tout un musée contemporain porté par le maire de l’époque, Jean Bousquet, et son ami collectionneur, le gardois Bob Calle, le lieu abrite également le formidable fonds (notamment ancien) de la bibliothèque de Nîmes. Constitué d’acquisitions, faites dès 1986, mais aussi de dons et de dépôts d’œuvres, sa collection est composée de 700 œuvres d’art contemporain couvrant la période des années 1960 à aujourd’hui. En 2023, c’est toute la ville de Nîmes, connue pour son patrimoine antique exceptionnel, qui célèbre l’art contemporain du 9 mai au 17 septembre. Dans la continuité de l’ambition artistique de la ville, une grande manifestation est annoncée dès 2024 à Nîmes. Un pont esthétique entre l’Antiquité et le monde du XXIe siècle. 

Des expositions dans toute la ville 

La mélodie des choses
Du 9 mai au 17 septembre
Parcours inédit fait d’œuvres de la collection, des mouvements des années 1960 à des artistes beaucoup plus contemporains, entre peinture, installations, vidéo et performance. Une sélection complétée par le regard de trois artistes sur la collection : Tarik Kiswanson, Suzanne Lafont et Walid Raad. À Carré d’Art.

Martial Raysse
Jusqu’au 3 décembre
Un artiste présent dans la collection de Carré d’Art dont des œuvres monumentales sont visibles dans la ville et au musée des Beaux-arts.

À L’Affiche ! La Feria sous le trait des artistes contemporains
Du 13 mai au 31 octobre
Au musée des Cultures taurines, exposition d’œuvres originales ayant servi à la réalisation des affiches de l’incontournable Feria de Nîmes.

De Nîmes au Nil
Du 9 juin au 19 novembre
Collections de tissus liées à l’histoire de la ville, au musée du Vieux Nîmes.

Collections premières
Du 15 juin au 19 novembre
Dialogue entre les collections du Museum et celles de la collection d’art contemporain, au Museum d’Histoire naturelle. 

Mémoire vive
Jusqu’au 31 décembre
Le travail digital d’Oliver Laric fait écho aux collections archéologiques, au musée de la Romanité.

Fragments 
Du 9 mai au 3 septembre
Un film de Noé Soulier, chorégraphe et performer, à voir à la chapelle des Jésuites. 

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