Présenté au Théâtre Joliette, The Weight of a Woman offre un récit sensible sur la mémoire du génocide contre les Tutsis
« We know death, we choose life » : cette phrase, lancée comme un cri d’espoir, résonne longtemps après le temps de la représentation. Dans The Weight of a Woman, la poétesse Lisette Ma Neza, née aux Pays-Bas de parents rwandais au lendemain du génocide, construit un espace où les voix, les corps et la musique travaillent ensemble une mémoire encore vive.
Sa parole, multilingue et musicale, triture l’histoire, intime et collective, pour en libérer une vérité fragile et lumineuse. Sa poésie voyage d’une langue à l’autre, parfois même au sein d’une phrase qu’elle scande comme un mantra ou une prière : anglais, kinyarwanda, néerlandais… et c’est dans ce va-et-vient que le langage se fait chair, que le son résonne et que l’expressivité abonde.
Danser sa peine
Le génocide rwandais, évoqué ici comme une guerre fraternelle tragique et insoutenable, n’est pas oublié mais la douleur, elle, se voit transcendée : la transmission, le pardon, la filiation prennent corps. La danse puissante et évocatrice de Reve Teborg investit l’espace comme une langue à part entière. Et quand un survivant apparaît sur scène – Evariste Karinganire, solaire –c’est un geste de guérison et de célébration qu’il esquisse en dansant à son tour : remettre la vie au cœur d’un récit marqué par la mort.
Les deux musiciennes, Sabrine Umudahigwa et Sophie Nzayisenga sont époustouflantes : leur maîtrise, leur capacité à improviser, la richesse de leurs voix et la souplesse de leurs instruments donnent à la musique un élan organique, sans jamais écraser le reste.
La mise en scène de Lise Bruynseels est sobre mais profondément belle : Aucun effet superflu, mais un cadre qui laisse chaque artiste exister et cohabiter. Chaque geste, chaque mot, chaque pause est pesé, enveloppé dans une attention palpable.
SUZANNE CANESSA
Le spectacle a été joué le samedi 22 novembre au Théâtre Joliette, Marseille.
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