mercredi 2 octobre 2024
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CITÉ DE LA MUSIQUE : Manu Théron accueille l’imprévu

Entre deux tournées, le musicien voyageur Manu Théron est de passage à Marseille. L’occasion de revenir sur la programmation de la Cité de la Musique dont il est l’auteur. Entretien

Vous êtes à Marseille pour quelques jours seulement, j’imagine que la saison est bouclée au millimètre ?

Manu Théron. Non ! Car si 90% de la saison est déjà bouclée, j’ai laissé des marges d’ouverture. Au cas où un artiste important serait en tournée, ou si un nouveau projet est monté dans l’urgence. Il faut se donner la possibilité d’accueillir l’imprévu. 

Quelle dynamique avez-vous donnée à la programmation déjà établie ? 

Cette saison est différente de la précédente. On était l’an dernier sur une saison de contemplation du monde depuis Marseille. Là, c’est plutôt une saison où le monde se retrouve à Marseille. 

Comment cette idée va-t-elle se traduire au cours de l’année ? 

Par l’invitation de projets fignolés ici par des artistes d’origines diverses. Je veux qu’ils recomposent, en fonction de la vie qu’ils ont ici, des talents qu’ils rencontrent, leur imaginaire. En essayant d’utiliser les dynamiques présentes dans la ville-monde qu’est Marseille. 

La programmation de la Cité doit elle refléter cet aspect de la ville ? 

Absolument. Elle l’était déjà un peu, mais j’avais envie d’accentuer ce tropisme. Notamment parce que les communautés se connaissent mais ne voyagent pas forcément les unes vers les autres. Elles ont besoin d’un lieu pour le faire. On propose un accueil de personnalités qui sont en France, à Marseille, mais dont le destin est aussi ailleurs. Je pense à Bongi, d’origine Sud-Africaine, qui travaille ici depuis dix ans sur les musiques traditionnelles de sa région. Elle ré-imagine cette musique avec les musiciens marseillais. Ce n’est pas seulement elle qui s’implante, c’est aussi sa musique (25 novembre). 

Sentez-vous un intérêt croissant pour Marseille de la part des artistes ?

Marseille a un pouvoir d’attraction ces dernières années qu’elle a rarement eu jusqu’ici. Il y a des musiciens italiens, espagnols, argentins qui commencent à venir habiter ici. Ils arrivent en plus grand nombre ces dernières années parce que le foncier le permet. Un musicien à Marseille peut vivre entièrement de sa musique, ce qui n’est pas forcément le cas à Amsterdam, Londres ou Berlin. On peut se demander si c’était vraiment le souhait de la droite, qui a géré cette ville pendant 25 ans. L’abandonnant à des intérêts fonciers et économiques assez douteux – et qui a conduit à des drames irréversibles. On pensait que cet abandon allait donner lieu à une désertification, une désaffection, et c’est finalement le contraire qui se passe. Des créatifs de toute l’Europe sont venus y habiter, en pensant qu’il y avait quelque chose à construire ici. 

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR NICOLAS SANTUCCI

Quelques dates présentées par Manu Théron :
Elena Ledda  (6 octobre) : « Une immense chanteuse qui s’interroge sur la maestria dans les musiques traditionnelles. Pour moi la plus grande chanteuse sarde contemporaine. »
Mazhar (7 décembre): « Deux artistes qui ont étudié en Italie et en Turquie. Elles construisent un imaginaire qui s’inspire des endroits où elles ont appris la musique. Une idée de comment les musiques viennent se transformer dans un endroit. »   
Toko Blaze (20 janvier) : « On l’invite pour une création qui n’est pas que musicale, ce sera un conte qui va parler de Marseille et plus particulièrement de la Plaine. »
Maddi Oihenart (3 février): « La plus grande voix féminine basque. »
Mandy Lerouge (23 février) : « Une artiste marseillaise qui fait un travail puissant et intéressant sur les musiques du Nord de l’Argentine. Un spectacle magnifique que la Cité a contribué à produire. »
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