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« Couleurs de l’incendie », à petit feu

Si l’intrigue du film est bien portée par le texte de Pierre Lemaitre, l’adaptation de Clovis Cornillac peine à convaincre

Après l’adaptation césarisée du roman de Pierre Lemaitre Au revoir là haut (Goncourt 2013) par Albert Dupontel, c’est au tour de Clovis Cornillac de réaliser celle de Couleurs de l’Incendie, deuxième volet de la trilogie : Les Enfants du désastre. Rappelons qu’il s’agit pour l’écrivain d’imaginer une trame romanesque tout en balayant l’Histoire de France, de la Grande guerre aux années 1960, suivant la grande tradition feuilletonnesque du XIXe siècle. Couleurs de l’incendie se déroule pendant l’entre-deux-guerres, entre la crise financière de 1929 et la prise de pouvoir par Hitler.  

Paris 1927 : Madeleine Péricourt (Léa Drucker) enterre son père et hérite de son immense fortune. Mais comme fortune et infortune vont de pair dans la grand roue du destin, son fils de onze ans, Paul (Octave Bossuet puis Nils Othenin-Girard) se jette par la fenêtre du somptueux hôtel particulier qu’un long plan séquence nous a fait parcourir au préalable à la recherche de l’enfant. Paul s’écrase sur le cercueil de son grand père au milieu de la foule en noir, et restera paralysé. Scène d’ouverture choc, filmée au ralenti. Une introduction en forme de chute.

Pour s’emparer de l’argent de Madeleine, Joubert, l’homme d’affaire de la banque Péricourt (Benoît Poelvoorde) repoussé par l’héritière, s’associe à l’ignoble et cupide oncle Charles, politicien véreux ruiné (Olivier Gourmet), à l’ex-précepteur de Paul, André (Jérémy Lopez) et à la belle gouvernante, Léonce (Alice Isaaz). Le film qui colle de très près au roman va raconter ce complot puis la vengeance de la femme spoliée. Le comte de Monte-Cristo n’est pas loin, version féminine. Et la partie « film d’actions » qui voit notre héroïne se transformer en espionne consommée, est assez réussie.

Aux côtés de Madeleine et Paul, on rencontre un chauffeur communiste (Clovis Cornillac), un parfait voyou (Alban Lenoir) et une infirmière slovaque sans sous-titre (Jana Bittnerova). Une cantatrice cardiaque aussi (Fanny Ardant), dont la résistance aux idées nazies nous vaudra une belle scène à l’opéra de Berlin. Des personnages typés haut en couleurs, stylisés, assumant leur côté caricatural. Il y a chez Lemaitre la joie communicative d’un démiurge qui croise avec délectation les hasards et les destins, sans se soucier des probabilités et sans craindre l’excès. Adapter ses romans au cinéma, même quand il signe scénario et dialogues, n’est pas chose si facile. Et, ce qui passe sans problème par les mots ou le dessin, a du mal à trouver son expression dans une représentation trop réaliste et trop sage. Malgré un casting cinq étoiles et une réalisation soignée, Clovis Cornillac peine à nous offrir ici une proposition de cinéma personnelle et convaincante.

ÉLISE PADOVANI

Couleurs de l’incendie, de Clovis Cornillac
En salle le 9 novembre
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