Chez les philosophes Heidegger puis Derrida, le mot déconstruction s’entend comme une analyse critique. Un terme qui ne signifie en rien détruire. Ces dernières années, le mouvement féministe s’est approprié le concept. La déconstruction faisant référence à une démarche salutaire pour démonter les stéréotypes et assignations de genre façonnés par la société patriarcale et viriliste au fil des siècles de domination masculine hétéronormée. Par extension, un homme déconstruit est quelqu’un dont le cheminement intellectuel a permis de se débarrasser et de se désolidariser des comportements, réflexes et autres impensés sexistes à l’égard des femmes ou de tout groupe minorisé discriminé. À ne pas confondre avec la conception très littérale de l’homme déconstruit, adoptée par les forces de l’ordre lors de la récente manifestation contre la réforme des retraites, et qui contraignit leur victime à l’amputation d’un testicule.
Intelligence superficielle
Réforme qui révèle d’ailleurs le regrettable contresens commis par le gouvernement confondant déconstruction avec destruction. Et puis, il y a Michel Sardou. L’immortel interprète du Temps (béni) des colonies, qui annonce un énième retour sur scène… à 75 ans. Normal, on s’esquinte beaucoup moins en chantant qu’en conduisant un TGV. Sur le plateau d’une chaîne d’info, un journaliste malicieux demande à celui dont même le pseudo-féministe Être une femme dégouline de machisme, s’il est un « homme déconstruit ». Avec la condescendance qu’on lui connaît, Sardou confirme ce que l’on soupçonnait déjà : la répartition des tâches ménagères, connait pas. « Je ne passe pas l’aspirateur, je fais rien du tout. » Tout au plus quelques bons plats de pâtes entre bonhommes. Et le plus réactionnaire des chanteurs populaires français de s’en prendre à la cible préférée des mâles blancs en perte de suprématie : Sandrine Rousseau. Proposant d’organiser une marche de soutien à son « pauvre » époux. À l’heure de l’intelligence artificielle, on peut toujours compter sur Michel pour nous ramener à la réalité d’une pensée défaite à défaut d’être déconstruite.
LUDOVIC TOMAS