C’est à domicile qu’officiait samedi matin Marguerite Salvy, enseignante au conservatoire de Port-Saint-Louis. Avec Tea Time, la chorégraphe explore une délicieuse idée : danser en compagnie de sa fille Juliette, 9 ans. Ambiance chaleureuse dans la salle de l’Espace Gérard Philipe, à l’issue de trois jours d’ateliers avec les scolaires, pour accueillir ce tour de danse plein de grâce et d’espièglerie. Une ravissante communion mère fille, chacune virevoltant dans sa robe rouge, sur la musique enlevée d’Anna Idatte jouée live. Pour toute scénographie, un service à thé et trois cubes gigogne se métamorphosant à l’envi en meubles, puzzle ou cabane, permettent de mieux explorer le panel de jeux de la petite enfance, entre mimétisme et désir d’émancipation. Comme source d’inspiration, le quotidien de cette attachante famille : des séances de rangement mises à mal, une dégustation de thé comme soupape au milieu du tumulte quotidien…
Plus tard dans l’après-midi, l’élégant mini chapiteau de Bêtes de foire cueillait les spectateurs au cœur du centre équestre istréen Le Deven. Dix ans après leur première création commune, Elsa de Witte et Laurent Cabrol combinent une nouvelle fois leur appétit pour les machineries de fortune et jonglage d’accessoires – ici les chapeaux – toujours portés par une méticulosité et un amour des personnages muets haut en couleurs, inquiétants parfois, saisissants toujours, régnant sur un véritable capharnaüm organisé.
Forain revisité
Luminaires, instruments, vestes de costumes et chapeaux haut de forme y pendent de toutes parts : Décrochez-moi ça, c’est bien le credo autour duquel s’articulent les saynètes du spectacle. Sur un plateau tournant, une redingote s’enfile comme une demande en mariage, les costumes abandonnés gisent telles des mues, symbolisant tour à tour des corps absents ou saillants… Épaulés par un homme orchestre et un régisseur à vue, les hôtes des lieux, yeux fiévreux plantés dans ceux des spectateurs, animent ce cabinet de curiosités en mouvement autour d’une scie musicale, d’un chien taquin, de facétieuses marionnettes qui prennent vie puis s’évaporent, menant vers un final époustouflant baigné d’onirisme, de miroirs et de fumée.
JULIE BORDENAVE
À venir D’autres pépites à glaner : des propositions chorégraphiques singulières explorant corps entremêlés (La boule le 21 février à Fos-sur-Mer) ou états de tension (Bounce Back le 23 février à Grans), mais aussi plusieurs temps forts disséminés sous chapiteaux : contorsions d’Alice Rende (Passages le 24 février à Istres), funambulisme immersif des Colporteurs (Coeurs sauvages, du 23 au 25 février au Deven) ou encore collapsologie roublarde des acrobates de Circus Baobab (Yé !,les 24 et 25 février à l’Usine). Jusqu’au 25 février Istres et alentour scenesetcines.fr