mercredi 2 octobre 2024
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Des métamorphoses du cercle 

Le troisième programme du cycle de concerts « Entre pierres et mer, splendeurs polyphoniques du siècle d’Or » des Voix Animées a été donné à l’abbaye du Thoronet puis celle de Silvacane

Un concert d’exultation et de joie pour les Voix Animées. Magnificat renvoyait son écho luxuriant au spectacle précédent, In Memoriam, dont la gravité et les déplorations se résolvaient en espérance. Le mot lancé tel un clairon solaire par une voix soliste, « Magnificat », se voit rejoint par le tissu moiré des voix des huit chanteurs disposés en double chœur. Les notes graves finales semblent n’être que des points d’appui destinés à de nouveaux élans lumineux. À la pièce de Palestrina succédait une messe complète due à Tomás Luis de Victoria, compositeur majeur de la fin de la Renaissance espagnole. L’Ave Regina Caelorum emplit le transept de l’abbatiale de Silvacane de ses résonnances, les lignes mélodiques d’une étonnante netteté se déploient, redessinent les lieux, s’orchestrent en fine dentelle. 

Entre Renaissance et XXIe siècle

Quittant la forme antiphonique, le chœur entonnait Ego flos campi de Francisco Guerrero. Les voix des sopranos, Maud Bessard-Morandas, Sterenn Boulbin, des contre-ténors, Maximin Marchand, Raphaël Pongy, des ténors, Damien Roquetty et Camille Leblond, rencontrent avec une juste élégance les basses, Luc Coadou et Julien Guilloton. Quelques airs encore de la Renaissance, puis, s’opère une plongée dans notre XXIe siècle. Les chanteurs s’installent en rond pour interpréter le second motet de l’œuvre commandée par les Voix Animées pour l’abbaye du Thoronet au compositeur Laurent Melin, Pax hominibus. La pièce débute par les deux croches frappées sur le woodblock qui refermaient avec une certaine espièglerie le premier motet, Et in terra. Au désordre des voix, répondait dans Pax, une réconciliation entre la terre et le ciel. Dans la dynamique des deux croches initiales, le tapis murmurant des voix, moiré des frémissements d’une multitude, laisse s’épanouir en un double mouvement une pensée qui retourne sur elle-même puis s’élève en une spirale infinie, ascension d’un cercle, reconquête de l’harmonie et de la transcendance. 

MARYVONNE COLOMBANI

Concert donné le 10 septembre à l’Abbaye de Silvacane dans le cadre du cycle Entre pierres et mer #12 
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