Des légumes colorés, orange, verts, qu’une main découpe en lamelles, un homard décortiqué avec soin, on en a l’eau à la bouche ! On est dans le restaurant où Mehdi (Younès Boucif ) est chef cuisinier et où tous s’affairent. La salle est remplie de monde. C’est ainsi que démarre le premier long métrage d’Amine Adjina.
La mère de Mehdi, Fatima (Malika Zerrouki) ne lui a jamais appris à cuisiner des plats algériens et lui ne l’a jamais invitée dans ce restaurant où il concocte des plats français. Ce n’est pas la seule chose qu’il lui cache : il est amoureux et vit avec Léa (Clara Bretheau) : il tient à conserver son image de « fils parfait ». Fatima persuadée que la France lui a volé son mari par l’exploitation de son corps au travail craint qu’elle ne lui prenne aussi ses enfants.
Drôles de mères
Elle ne perd pas une occasion pour essayer de marier son fils chéri avec une femme qu’elle a choisie. Alors que Mehdi s’apprête à racheter un bistrot avec Léa, celle-ci lui demande à rencontrer toute la famille qui va se réunir pour une fête où bien sûr, elle n’est pas invitée. Un vrai dilemme pour lui, qu’il confie à Souhila (Hiam Abbass) la tenancière d’un bar, populaire et chaleureux : « Soit, je présente ma copine à ma mère et je la tue, soit je ne la présente pas et ma copine me quitte. » Souhila trouve alors une solution « Je fais ta mère ! »
Et à partir de là, elle s’applique à sa manière à jouer ce rôle. Une mère haut de gamme, précise-elle et je vais créer du suspense dans ta vie : tenues excentriques, perruque blonde, elle ne ressemble pas du tout au portrait qu’en faisait Mehdi. Léa est sous le charme ce cette mère-là !
A partir de là, des scènes cocasses s’enchainent, créant surprise après surprise. Une séquence dans un train, endiablée, restera dans les mémoires. Souhila commence à apprendre des gestes de la danse du ventre à Léa, suivie par deux passagères proches puis par tout le compartiment sur la musique d’Acid Arab et le chanteur Sofiane Saïdi « Cette scène du train est comme une métaphore pour moi : Souhila fait danser la France. Dans le contexte actuel, elle me paraît essentielle. » a précisé le cinéaste.
Younès Boucif est parfait dans le rôle de cet homme partagé dans sa double identité, dans sa double culture. Quant à Hiam Abbass, elle fait ici une prestation extraordinaire dans le rôle de cette femme libre, qui va peu à peu aider Mehdi à aller de l’avant et sortir de la prison qu’il s’est construite.
La petite cuisine de Mehdi, un film concocté avec soin, parsemé de couleurs, d’odeurs, de rires et de musiques, qu’on partage comme un délicieux repas. Un conseil : n’y allez pas le ventre vide !
Annie GAVA
Le Film sort en salles le 10 Décembre
Lire ICI l’interview d’Amine Adjina






