Le premier opus de Grrrrrrr !, dernière création de La Factory, s’est ouvert à Avignon et se poursuit jusqu’au 11 février
La première édition du festival de férocité Grrrrrrr ! rugit depuis le 25 janvier au Théâtre de l’Oulle à Avignon. Derrière ces journées qui mettent le personnage du clown en avant, il y a la volonté de critiquer la société, sans se prendre au sérieux. A cet égard, le directeur de La Factory Laurent Rochut rappelle les mots de Montesquieu : « La gravité fait le bonheur des imbéciles ». Il faut entendre par là que la naïveté et l’humour seraient plus efficaces que des discours politiques pour révéler les absurdités du monde. « Je m’inscris dans une filière qui va des dessinateurs de presse comme ceux de Charlie Hebdo, à des chanteurs comme Didier Super », indique Laurent Rochut. La programmation du festival s’est donc dotée de grands clowns tels Ludor Citrik et Fred Blin, qui représentent tous cette innocence féroce que la fabrique d’art vivant a en grande estime. Pour la suite des festivités, Grrrrrrr ! joue à nous faire peur avec le clown Typhus Bronx et son show caustique et déjanté qui promet de nous « faire flipper [notre] race » (le 3 février). Le stage de recherche initialement prévu avec le clown Gilles Defacque, a dû changer de nature puisque le comédien a malheureusement subi une opération chirurgicale. C’est Ludor Citrik qui le remplace, pour un séminaire qui laisse certes moins de place à l’introspection, mais au profit d’une extraversion bienvenue (du 2 au 4 février).
Catharsis carnavalesque
Ce festival s’inscrit aussi dans la tradition du Roi Carnaval. Selon cette coutume qui remonterait au Moyen-Âge, un habitant lambda devient le roi le temps de la fête lors de laquelle les rôles sociaux s’inversent. « On veut retrouver cet esprit de Catharsis qui est au cœur du carnaval, où on brûle tout, y compris les maux de la société, symboliquement », explique Laurent Rochut. Mais dans tout ça, où sont les femmes ? Leur absence totale de la programmation est pour le moins intrigante, si ce n’est dérangeante. L’équipe programmative justifie cette carence de deux manières. Tout d’abord car la première édition du festival s’est basée autour du trio Ludor, Fred et Typhus et leurs solos respectifs. Et ensuite car il n’y aurait eu que des hommes disponibles avec un projet mobilisable à trois mois de l’événement. Cependant, Laurent Rochut l’affirme, la prochaine édition de Grrrrrrr ! ne conviera que des artistes femmes. D’ici là, il faut se tourner vers GIRL, GIRL, GIRL, festival de la nouvelle scène féminine prévu pour mi-avril et sous le marrainage de l’artiste Emma Daumas.
RENAUD GUISSANI
Du 25 janvier au 11 février Théâtre de l’Oulle, Avignon