L’autrice japonaise excelle dans la mise en scène épurée de personnages qui prennent peu à peu de l’épaisseur. Étudiant en littérature à l’université de Tokyo, Shôta vit confortablement grâce au soutien de ses parents. Son rêve : devenir écrivain. Son premier roman en cours d’écriture concerne l’histoire d’amour d’une professeure de koto, instrument emblématique de la musique japonaise, et d’un de ses élèves. Cependant Shôta qui n’a jamais été amoureux se demande comment il va décrire cette passion…
Ses parents faisant soudainement faillite, il va devoir trouver un travail qui lui permette de poursuivre ses études. Par chance un ami lui propose de devenir house-sitter de la résidence secondaire de M. et Mme Oda, entourée d’hortensias, ajisaï en japonais. Très rapidement séduit, Shôta tombe amoureux de Mme Oda, superbe femme de trente-cinq ans, mère d’un jeune garçon et excellente pianiste qui lui redonne le goût du piano autour de l’œuvre de Clara Schumann.

Une délicate mise en abyme
C’est ainsi que Shôta vit à la fois sa première passion amoureuse et l’inspiration pour l’écriture de son roman, Madame Ajisaï. Aki Shimazaki dessine avec finesse l’évolution de la relation sensuelle, et l’avancée de l’écriture du roman. Shôta, narrateur de son aventure, analyse avec lucidité ses sensations et ses sentiments. À la fin, une autre histoire d’amour s’inscrit en filigrane dans le récit que fait Sumisko à son jeune amant d’un autre amour, un autre homme lui aussi écrivain d’un premier roman, mais disparu. Les deux histoires se superposent étrangement. Ainsi, dans une langue dépouillée Shimazaki donne de la profondeur à son récit qui, lisse et froid au début, s’étoffe, s’enrichit surprend et nous laisseen attente d’un deuxième tome à venir.
CHRIS BOURGUE
Ajisaï, de Aki Shimazaki
Actes Sud - 16,50 €
Paru en mai 2025
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