samedi 27 avril 2024
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Dying, la bonne partition de Matthias Glasner

Le réalisateur allemand filme dans son nouveau long métrage l’intensité de la vie face à la vieillesse, la maladie et la mort et remporte l’Ours d’argent du meilleur scénario

La perte d’autonomie, l’alcoolisme, la dépression, le suicide, un Parkinson et un cancer, concentrés dans un film de 183 minutes – le plus long de la compétition de cette 74e Berlinale, auraient pu constituer une épreuve pénible et définitivement déprimante. Mais contre toute attente Sterben (Dying) du réalisateur allemand Matthias Glasner est un film émouvant sans pathos, tragique sans grandiloquence, et … drôle. Oui ! Drôle et vivifiant.

Trois enterrements, trois naissances

Les trois enterrements auxquels on assiste sont contrebalancés par deux naissances, auxquelles on peut ajouter celle d’une œuvre musicale magnifique, bouleversante, qui porte le même titre que le film. Conçue dans la douleur, elle clôt le tableau comme un triomphe.

Matthias Glasner construit un récit choral en trois chapitres se superposant dans le temps et croise les trajectoires de trois membres de la famille Lunies. La mère Lissy Lunies (Corinna Harfouch) ne supporte plus Gerd (Hans-Uwe Bauer) son mari, hagard et dément. Le fils Tom Lunies, interprété par l’admirable Lars Eidinger, est chef d’orchestre. Divorcé de Liv (Anna Bederke) dont il reste proche, il endosse le rôle paternel auprès du bébé qu’elle vient d’avoir avec son nouveau compagnon. Tom prépare la création de Dying composé par son ami, Bernard (Robert Gwisdek) dont il gère au mieux les exigences, les angoisses et les violences. Enfin la fille, Ellen Lunies (Lilith Stangenberg) assistante dentaire à la dérive, dépendante à l’alcool, s’engage dans une relation adultère avec Sebastian (Ronald Zehrfeld), son patron.

À la mort, à la vie !

Si à la faveur de certaines confessions, des explications éclaireront le dysfonctionnement de cette famille, elles ne seront jamais réductrices. N’arrêteront pas la dynamique narrative et, comme tout le reste, seront dédramatisées par le comique inhérent au tragique, que le réalisateur excelle à extraire.

Ainsi la terrible scène d’ouverture – qui fait penser à Amour d’Haneke, et montre sans filtre la déchéance du corps et de l’esprit du vieux couple, sera suivie d’une vraie scène d’auto-dérision. Ainsi la romance entre le dentiste et son assistante se teintera de burlesque autour de la bouche grand ouverte d’un patient. Le grand-guignolesque s’invitera à la première d’un concert et les affres sentimentales du trouple seront désamorcées par le concours cocasse des deux pères pour faire manger bébé. Les aveux terribles de la mère à son fils, le suicide d’un ami, les blessures anciennes et nouvelles n’empêcheront pas Tom, de garder son équilibre et de jouer sa partition. Le réalisateur crée la sienne de rires et de larmes, empreinte d’une grande humanité.

ÉLISE PADOVANI

À Berlin

Dying, de Matthias Glasner

Prochainement en salles

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