mercredi 24 avril 2024
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En vert trempé

Avec Tant que le soleil frappe, Philippe Petit interroge la société sur son rapport à l’urbanisme et sa nature. Un film politique qui met en scène l’ardeur d’un homme en lutte

Sur une petite place laissée à l’abandon, un no man’s land en plein centre-ville. S’y trouve un Algeco où Max (Swann Arlaud), paysagiste, et son associé Gaspard (Pascal Rénéric), ont une réunion de travail. Leur projet : transformer cet endroit en un « otium », un jardin sans clôture, ouvert à tous ; impliquant les habitants du quartier. Après des années de refus, d’absence d’écoute, Max et Gaspard voient leur projet retenu en finale d’un concours d’architecture lancé par une fondation. Ils y croient et le spectateur aussi. 

En un travelling latéral, la caméra filme la salle pour s’arrêter sur…d’autres qu’eux. Leur travail n’est pas choisi, Gaspard est complètement découragé. « Deux projets et demi en trois ans. T’as l’impression qu’on avance ? Regarde les choses en face », lance-t-il à Max. « Ne désespérez pas », les encourage l’un des membres du jury, un architecte qui a pignon sur rue, Paul Moudenc(Grégoire Oestermann). Max reprend son emploi de jardinier au parc, il faut bien qu’il gagne sa vie. Une vie partagée avec sa femme Alma (Sarah Adler) et leur petite fille. Pourtant il ne renonce ni à ses idées, ni à ses rêves.

Vive l’échec
Avec Tant que le soleil frappe,son premier long métrage de fiction, Philippe Petit dresse le portrait d’un homme qui se bat. Un homme plein d’énergie, comme consumé par un feu intérieur et la caméra le suit, nerveuse, nous faisant partager sa ténacité, sa rage parfois. Swann Arlaud est superbe de vérité pour interpréter ce personnage qui l’a touché. Tourné à Marseille avec des acteurs et des comédiens non professionnels, ce film éminemment  politique nous interroge sur une société ne laissant que peu de place à des projets citoyens et humanistes. 

De passage à Marseille le 17 janvier dernier, le réalisateur s’expliquait : « Je voulais faire un film sur un échec car on apprend beaucoup d’eux. On ne parle pas assez des gens qui perdent. D’ailleurs que veut dire perdre ? On encense toujours ceux qui gagnent. Or quand on échoue, on a envie de réfléchir et là on va au fond de soi. Le film interpelle cette question. » À juste titre. 

ANNIE GAVA

Tant que le soleil frappe, de Philippe Petit 
En salle depuis le 8 février
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