Il s’agit de la première exposition personnelle Juliette George, jeune artiste dont le parcours est aussi brillant qu’atypique. Le dispositif, sous l’égide de la commissaire de l’exposition Marion Zilo, s’organise en trois volets.
Face à la salle principale semée de méridiennes d’époques et de formes diverses deux cellules ouvertes : celle de droite, tapissée de mots qui constituent une cartographie intérieure, correspondrait à l’hémisphère droit du cerveau, celui de la réflexion ; celle de gauche, plus austère, contient un simple monolithe blanc dont la partie supérieure comprend une simple étagère où attendent, serrés les uns contre les autres les exemplaires du premier livre de l’artiste, Sympathies n°1.
Au visiteur de s’emparer d’un volume, de s’installer confortablement sur l’une des méridiennes et de se plonger tranquillement dans la lecture.
Les grands lés de papier qui recouvrent la surface des murs de la cellule n° 1 sont le développement graphique d’un travail qui tenait dans un mètre carré confie l’artiste : « ce sont mes notes préparatoires, dans la forme même où je les ai transcrites ». On y lit les injonctions qu’elle se donne à elle-même « répondre à des Apl à projets », « trouver ma narration – mon adresse – mélange contemporain de théories psychiatriques et de fiction », des citations en vrac de Flaubert, Foucault, Lacan, Jauss, Genette, Barthes, Gustave Guillaume, des questionnements, « », des éléments historiques sur le traitement et la perception de la folie, des anecdotes, des définitions…
Vibrer doucement ensemble
On retourne au livre, invariablement : les histoires se tissent, celle du 3bisf, de la psychiatrie, de la résidence, de son père interné à Sainte-Anne le jour où Juliette George reçoit l’appel à candidature pour le 3bisf. La question qui l’intéresse alors : « comment être touchés par quelque chose qui est extérieur à nous ? », trouve une résolution dans le principe de « la réception des œuvres comme des cordes sympathiques » : tout entre en résonnance, comme les cordes sympathiques d’un instrument, non jouées mais qui vibrent doucement en écho aux autres. Peu importe si les visiteurs sont des patients, des passants ou des soignants dans ce pavillon de l’hôpital psychiatrique Montperrin. Les conversations deviennent surréalistes, au sens des poètes qui gravitaient autour d’André Breton, :la réalité s’approfondit, le présent se pare d’une épaisseur nouvelle, dense de sens et de partage. À découvrir absolument !
MARYVONNE COLOMBANI
Sympathies N°1 jusqu’au 13 avril, dans le cadre du Festival Parallèle 14 3bisf, Aix-en-Provence