Il ne s’agit pas simplement de présenter une collection de jouets anciens où l’on va retrouver un parfum de passé, une émotion perdue, un souvenir de grenier, de photos sépia et de madeleines trempées dans une tasse de thé. D’abord se pose la question de la définition : qu’est-ce qu’un jouet ? L’objet d’amusement correspond inconsciemment à une représentation du monde que l’on impose aux imaginaires. Chaque époque, chaque contrée, se reproduisent par les jeux qu’elles fournissent à leurs enfants. Leurs constructions mentales, leur approche de la vie que ce soit en société ou dans la sphère intime est conditionnée par la manière dont on va jouer. Conçu comme un pôle de recherche en ethnologie et en sciences humaines, le musée de Salagon s’intéresse à l’évolution du jouet. Lorsque la fabrication industrielle se substitue à l’artisanale dans la première moitié du XXesiècle, les mutations du monde sont sensibles dans la conception et l’évolution du monde des jouets : le métal remplace le bois, le poupon en celluloïd, apparaît vers 1910, précédé par l’ours en peluche (1903) ; l’arrivée du plastique dans les années 1950 change encore la donne. La « démocratisation » du jouet avec sa production de masse correspond aussi à une certaine manipulation de masse par la répartition sexuée des jeux : dinette et poupon pour les filles, voiture à pédale pour les garçons… une manière passionnante de réfléchir sur le monde et nos quotidiens. M.C.
Jouets retrouvés
Jusqu’au 15 décembre
Musée de Salagon