Du 1er juillet au 1er septembre et tous les week-ends du mois de septembre, la Friche de l’Escalette propose des visites guidées.
Au programme : promenade caillouteuse (escarpins à éviter), jalonnée par les œuvres permanentes héritées des précédentes expositions (dont les cités fantastiques en cérastone de Jean Amado, les jarres baroques de Traquandi, une cabane perchée de Marjolaine Dégrémont, les totems de François Stalhy…). Pause au bungalow du Cameroun de Jean Prouvé et découverte de la nouvelle proposition : cet été, c’est au tour de Germaine Richier, « la Méditerranéenne » de faire escale dans ce repli minéral du Parc National des Calanques.
Usine de plomb
L’histoire est connue de cette usine de plomb installée là, au milieu du 19e siècle pour limiter la pollution en ville, son développement organique dans la caillasse, ses étranges cheminées rampantes sur la colline, son déclin rapide, sa longue notoriété de royaume des ferrailleurs, de cimetière automobile, et puis son acquisition par le galeriste Eric Touchaleaume, au début des années 2010. Un (très) gros nettoyage, la préservation scrupuleuse de la végétation, une mise en sécurité réglementaire. Et le site se transforme peu à peu, au fil des aménagements des espaces clos et des mises en valeur minimalistes des traces du bâti historique résiduel, en lieu d’exposition de sculptures contemporaines et d’architecture légères du XXème siècle.
Golems
Les 13 créatures de Germaine Richier ne sont pas exposées au cœur de cette nature maritime tourmentée, comme l’aurait sans doute souhaité l’artiste provençale. Mais elles y ont été opportunément photographiées, et tout visiteur pourra en garder le souvenir grâce à l’élégant fascicule mis à la disposition par l’organisateur. Les œuvres sont présentées pour la plupart dans un ensemble bâti clos et couvert, lui-même très découpé, très segmenté, sans régularité, sans homogénéité. Sur leurs socles de bois brut, chacune de ces sculptures a son propre espace, ses propres perspectives et résonances, au gré des dimensions toujours diverses, et éclairages aléatoires.
Des œuvres noires, écorchées, hirsutes, golems brutalement extraits. Richier et Giacometti, son illustre contemporain, traitent pareillement la matière. Mais quand les personnages de celui-ci semblent plus souvent inviter à la méditation, au mystère et à la lenteur, ceux de Richier, pas toujours identifiables, humains ou hybrides, mythologiques, puissants et dégingandés, préfèrent de loin l’explosivité et l’expressivité. On s’arrache en gesticulant de la lave en fusion et c’est joyeux !
MAURICE PADOVANI
Germaine Richier : La Méditerranéene
Jusqu’au 29 septembre
Friche de l’Escalette, Marseille