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Fééries romantiques

Renaud Capuçon et l’Orchestre national d’Avignon s’unissent sur un programme plus qu’alléchant

On ne retient souvent de Barber que son Adagio tendre et archaïsant. Le compositeur américain s’est pourtant frotté à différents registres et différentes formes, dont son à peine moins célèbre Concerto pour violon, virtuose et touffu à souhait. Sur ces pages hybrides, entre mélancolie néo-romantique et éclat moderniste, le plus célèbre des violonistes français n’a pas démérité. L’émotion de Renaud Capuçon est en effet tangible dès son entrée sur scène : l’oreille tantôt collée à son instrument comme celle d’un jeune premier, tantôt tournée avec émoi vers l’orchestre, il fait entendre la mélodie dans toute sa tendre mélancolie sans rien sacrifier de sa fraîcheur. Le dialogue avec l’orchestre est constant, et la complicité avec la cheffe Debora Waldman tangible, jusqu’à la synchronisation de pizzicati et d’accords piqués au piano, irréprochable. Sollicitée sous toutes les coutures, la phalange avignonnaise révèle des pupitres investis, dans ses tutti,très affûtés, comme dans ses parties solistes. Et notamment sur le hautbois solo de Frédérique Constantini,particulièrement sollicité.

Le reste du programme, endossé par l’orchestre et sa cheffe, est également remarquable. L’ouverture de La Belle Mélusine, opéra de Félix Mendelssohn placé sous le signe du conte et de la féérie, se révèle éthérée à souhait. Les contours se font plus tranchants sur la Symphonie n°3 de Louise Farrenc, compositrice oubliée à laquelle la cheffe rend régulièrement hommage, elle qui s’attelle chaque saison à remettre en lumière les oubliées de l’Histoire. Si la parenté avec le style épuré et lyrique de Mendelssohn saute aux oreilles, c’est plutôt à l’avantage de Farrenc : la finesse des mélodies et la richesse des timbres sollicités en font décidément un mètre étalon du genre. Quasi complète, la salle de l’Opéra regorge de publics de différents horizons : jeunes et moins jeunes, enthousiastes au point d’applaudir chaleureusement, y compris entre les mouvements et bien après les saluts.

SUZANNE CANESSA

Ce concert a été donné le 7 février à l’Opéra Grand Avignon.

À venir
9 février à 11 heures au Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence
Suzanne Canessa
Suzanne Canessa
Docteure en littérature comparée, passionnée de langues, Suzanne a consacré sa thèse de doctorat à Jean-Sébastien Bach. Elle enseigne le français, la littérature et l’histoire de l’Opéra à l’Institute for American Universities et à Sciences Po Aix. Collaboratrice régulière du journal Zébuline, elle publie dans les rubriques Musiques, Livres, Cinéma, Spectacle vivant et Arts Visuels.
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