La salle de la Manufacture à Aix-en-Provence, mercredi 30 novembre à 10 heures, remplie de jeunes, lycéens et étudiants, de quoi nous réchauffer en ces premiers jours du froid hivernal. Ils sont venus participer à l’une des mastersclass proposées par le Festival Tous Courts, « Les femmes s’emparent du cinéma ». La journaliste Véronique Le Bris, fondatrice de Cine Woman, le premier webmagazine féminin sur le cinéma, et du prix Alice Guy qui récompense chaque année le meilleur film français réalisé par une femme, a revisité l’histoire du cinéma, la racontant du point de vue des femmes, en particulier des réalisatrices. Bien entendu, elle a commencé par sa cinéaste préférée, Alice Guy. Cette jeune femme, 22 ans en mars 1895, secrétaire de Léon Gaumont, fascinée par les vues Lumière, pense qu’on peut faire mieux et veut se servir du cinématographe pour raconter des histoires. En mars 1896, elle réalise son premier film, La Fée aux choux, première fiction de l’histoire du cinéma, qui remporta un franc succès. Devenue directrice des théâtres de prises de vues de Gaumont, elle réalise plus de 200 films, dont des opéras et des clips, inventant la colorisation, les gros plans, le ralenti etc.
Parcourant ainsi l’histoire du cinéma aux États-Unis et en Europe, Véronique Le Bris évoque celles qui ont osé devenir réalisatrices au moment où leurs rôles habituels étaient actrices, costumières, monteuses ou scriptes. Lois Weber, Lotte Reiniger qui a réalisé en 1926, Les Aventures du prince Ahmed, premier long métrage d’animation européen, Musidora, Germaine Dulac, Ida Lupino, Jacqueline Aubry sans oublier Vera Chytilova et Les petites marguerites, Agnès Varda, Barbara Loden et sa Wanda, Chantal Akerman et toutes les autres.
Ponctuant sa masterclass d’extraits, avec beaucoup d’enthousiasme, Véronique le Bris a su sensibiliser et sans doute suggérer à son public d’aller découvrir les films de ces réalisatrices souvent méconnues. Elle a rappelé que seules deux femmes avaient obtenu la Palme d’or à Cannes : Jane Campion en 1993 pour La leçon de piano et Julia Ducournau en 2021 pour Titane. Un seul film de femmes a dépassé les 10 millions d’entrées en France, Trois hommes et un couffin de Coline Serreau en 1985. Elle a ensuite répondu aux nombreuses questions des jeunes participants dont certains auront peut-être l’envie de jeter un coup d’œil sur les films soumis au prix Alice Guy 2023 et même de voter. C’est L’Événement d’Audrey Diwan qui avait obtenu le prix en 2022.
Une belle leçon qu’on peut approfondir en lisant 100 grands films de réalisatrices que Véronique le Bris a dédicacé après sa masterclass « une sélection forcément sélective dont les films sont classés par ordre chronologique, de mars 1896 à Mars 2020, 124 ans de création ininterrompue. »
ANNIE GAVA
La 40e édition du Festival Tous Courts se tient jusqu’au 3 décembre.