En prélude à + de genres David Dibilio, chargé de programmation à Klap, présentait une programmation entièrement féminine, et féministe. La performance Jum’s de Marion Sage est une conférence multimodale, espiègle et mutine, pince-sans-rire toutefois. Elle repose sur un travail passionnant de recherche sur Julia Marcus, danseuse juive et communiste fuyant Berlin en 1942 et jouant à Paris à la « Jument de fiacre ». Une évidente analogie avec la courtisane, femme libre en résille qui affirme son désir et mène la course. La conférencière parle, illustre son propos par des photos, puis parcourt la scène en s’équidant peu à peu, hybride de jument, finissant par une belle chanson slamée. Un petit bijou revêche et féministe, version L.
Appropriation féministe
Après deux résidences au 3bisF Maud Pizon crée son Cover avec ses trois musiciennes et affirme tranquillement comment l’appropriation culturelle – celle du répertoire chorégraphique par les femmes – est réjouissante. De l’image du Cygne voletant à celle de l’Elue violée du Sacre, les femmes écrites par des hommes de la danse sont dynamitées, et rapprochées de celles des chorégraphEs : arrimées à terre comme la Sorcière de Mary Wigman, éplorée et touchante comme la Mère d’Isadora Duncan, ou sans contrefaçon comme Mylène Farmer.
Les trois musiciennes, Yuko Oshima à la batterie Christelle Séry à la guitare, Olivia Scemma à la basse et toutes sortes de sampler, sont cocréatrices et interprètes, dansant avec Maud Pizon, mais surtout accompagnant magnifiquement son dynamitage, de musiques toutes (sauf Mylène) écrites par des hommes. En commençant par une version rock très dézinguée du Cygne de Saint Saëns, puis en offrant une version du Sacre du Printemps d’anthologie : n’en conservant que la rythmique, et quelques citations mélodiques, comme le squelette réhabillé, et pourtant visible, de l’œuvre.
AGNÈS FRESCHEL
Jum’s et Cover ont été créés à Klap - Maison pour la danse, Marseille
À venir
+ de genres se poursuit jusqu’au 27 mars