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FESTIVAL DE MARSEILLE : une Manifête se prépare

Pour ouvrir sa 30e édition, le Festival de Marseille s’associe au Badaboum Théâtre pour donner une place aux enfants dans l’espace public. Reportage

Ce lundi 2 juin n’est pas une après-midi comme les autres pour les élèves de CM2 de l’école du Plan d’Aou : ils vont rencontrer la chorégraphe Marina Gomes et répéter avec elle la Manifête, le spectacle d’ouverture du Festival de Marseille, donnéce 12 juin sur le Vieux Port. Un projet pharaonique qui réunit près de 450 enfants, soit 17 classes marseillaises, dans une déambulation dansée et, comme son nom l’indique, revendicatrice. Ce projet « complètement fou » comme le dit Marina Gomes, qui signe la chorégraphie [lire l’interview ci-dessous], est né de la volonté commune du Badaboum Théâtre et du Festival de donner une place aux enfants dans l’espace public et dans la vie sociale « avec leurs revendications, leur humour et leur poésie », indique Anne-Claude Goustiaux, directrice du Badaboum.

Plusieurs ateliers ont été conduits afin d’élaborer les slogans qu’ils entonneront durant la Manifête. « On a une affiche avec les droits internationaux des enfants dans la classe. Dans chaque groupe on a choisi une catégorie, par exemple aider les enfants en guerre, et on a trouvé un slogan à partir de cette catégorie. Après on a voté pour le slogan qu’on a là », explique la jeune Mélina. Pour cette classe, ce sera donc « 1, 2, 3, on nous doit des droits ». 

Mais les séances de réflexion commune ne s’en sont pas arrêtées là : avec les intervenantes du Badaboum, ils ont ensuite réfléchi à d’autres messages qu’ils souhaitaient faire passer aux adultes. « On a essayé de ne pas les influencer, mais on a parfois décortiqué certaines paroles avec eux pour que ce soit plus universel », explique Anne-Claude Goustiaux, qui encadrait ces ateliers avec Julie Joachim. Ces messages apparaîtront sur des banderoles et des pancartes, créées par les enfants avec la scénographe Alice Ruffini. 

Dans le dojo 

On retrouve la vingtaine d’élèves dans le petit dojo du centre social voisin, avec Marina Gomes. Une fois les présentations faites, place à l’échauffement au son de chansons de Jul et de rap espagnol. Avec pédagogie et humour, la chorégraphe leur apprend quelques bases de hip-hop et précise « rajoutez du style… votre style ». Les enfants, d’abord très concentrés, se détendent peu à peu et prennent plaisir à l’exercice. 

Cette classe fait partie des « parcours courts » de la Manifête : les élèves n’apprennent que la déambulation, et pas la chorégraphie finale. Mais Marina les rassure, ils auront aussi un rôle à jouer à ce moment-là. 

Les enfants apprennent vite, et dans la bonne humeur. La chorégraphe le leur a dit, le but est de passer un bon moment. Mais sans se mettre en danger, la représentation ayant lieu dans l’espace public. L’accent est donc mis sur la liberté des corps et sur l’écoute les uns des autres.

Chacun des mouvements a une signification, que Marina explique aux apprentis danseurs au fur et à mesure. Et force est de constater que, malgré sa petite taille, le dojo semble être un lieu approprié pour répéter une chorégraphie aux accents si combattifs. « On est venu pour en découdre, c’est pas des blagues » rigole-t-elle en leur montrant un geste qui rappelle le karaté. 

La répétition s’achève sur le terrain de basket du centre social, où les enfants peuvent enfin s’exercer à la déambulation et scander leur slogan à plein poumon. Quelques petits ajustements seront à régler lors de la répétition générale avec les 16 autres classes, mais le résultat est déjà émouvant, et les enfants repartent l’air content. « Ça m’apporte beaucoup parce que parfois on nous écoute pas assez, et là c’est une opportunité à ne pas rater pour se faire écouter », conclut la petite Shaïna. 

CHLOÉ MACAIRE 

Manifête
12 juin, 10h30
Déambulation au départ de la place Charles-de-Gaulle vers la mairie de Marseille

Quelques questions à la chorégraphe 

Connue du public du Festival pour y avoir créé, il y a deux ans Bach Nord avec des jeunes des quartiers Nord de Marseille, la chorégraphe de hip-hop et fondatrice de la Cie Hylel, Marina Gomes, signe la chorégraphie de la Manifête. Entretien  

Marina Gomes lors des ateliers © Thibaut Carceller

Zébuline. Pourquoi avoir décidé de prendre part à ce projet ? 

Marina Gomes. J’ai été invitée à chorégraphier ce projet après qu’il ait été pensé par le Festival de Marseille et le Badaboum Théâtre. J’ai accepté sans hésiter parce que je suis convaincue qu’on ne laisse pas assez de place aux enfants, qu’on n’écoute pas assez leur parole, et que parfois on les assigne à des places qui les contraignent alors qu’ils ont plein de choses à nous apprendre. Donc j’étais hyper contente de pouvoir participer à ce projet, tout en ayant conscience qu’il était complètement fou, par le nombre d’élèves impliqués et le peu de temps imparti.  

Justement, comment avez-vous organisé cela ? 

J’ai chorégraphié la Manifête en théorie, sans les élèves, et on a créé la musique avec Arsène Magnard qui est le compositeur de toutes mes pièces. Ensuite on s’est réparti le planning avec une équipe de danseurs pour pouvoir transmettre la chorégraphie aux enfants.

La plupart des classes apprennent tout le parcours, c’est-à-dire la déambulation et la chorégraphie finale, et d’autres, que je ne vois qu’une fois, n’apprennent que le trajet. 

Quelle place est donnée à la parole ? 

Chaque classe a un slogan qu’elle a choisi, ainsi que des banderoles et des petites pancartes. On a tous été surpris de la nature très politique des sujets qu’ils ont décidé d’aborder : l’antiracisme, qu’on a retrouvé dans toutes classes et dans tous les secteurs, mais aussi le mal-logement et la question de la liberté… leur liberté. 

On voit bien l’aspect manifestation, mais quant est-il du côté festif ? 

Cette idée est surtout présente dans la chorégraphie de fin, notamment grâce à la musique : il y a des moments de batucada, et j’ai aussi demandé à Arsène de composer quelque chose qui rappelle les instrus de Jul. Et puis, pour les enfants, être dans la rue à 400, au milieu de la route, c’est drôle et c’est joyeux, même si leurs slogans ne sont pas forcément rigolos. J’ai vraiment axé la chorégraphie sur le fait de prendre la place et de s’exprimer.

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR Chloé Macaire


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