En ouverture du Festival de Vives Voix ce 13 octobre, le chœur de femmes dirigé par Lise Massal, Tutte Quante, explore chants traditionnels populaires italiens, occitans, espagnols. Leur répertoire, nourri de chants de lutte, de travail, sait émouvoir, bousculer les idées reçues avec une générosité à l’image de la Maison du Chant qui les accueille tous les vendredis soir. À ce travail de pédagogie et de transmission de ce lieu atypique veillé par sa fondatrice Odile Lecour, s’ajoute la dimension festive et partageuse des stages et des cantèras, ces moments où chacun « amène sa voix, ses oreilles, de quoi manger… ». La musique est convivialité, écoute de l’autre, participant à la fois des beautés des voix solistes et du tressage entre elles qui naît ici quasi spontanément. Une « cantèra d’ouverture » scellera les débuts du festival, temps d’initiation et de pratique autant que de spectacles.
On se délectera des musiques traditionnelles du monde grâce aux sept musiciens du Grand Ensemble Filos qui nous promènent entre les musiques grecques, kurdes et turques. Avec l’Ensemble Dulcisona dirigé par Anne Périssé dit Préchacq, on partira en Espagne auprès des grands Cancioneros des XVe et XVIe siècles qui infusent leurs chants de rires et de fantaisie, se transforment en conteurs et jouent sur les sonorités avec une espiègle délectation.
Des hommages et des mélanges
Les six musiciens de TRAM invitent au voyage par le biais du finnois, du bulgare, de l’italien, du géorgien, du hongrois, de l’hébreu, complicité joyeuse et énergique En Cavale vagabonde.
Un hommage particulier est rendu aux femmes par MissBella qui reprend le chemin de la scène avec guitare et accordéon entre atmosphères slave et sicilienne et la complicité de Kalliroi Raouzeou, Maïa Lequeux, Malti Bajaj et Gwen Daz tandis que La Mal Coiffée redessine par ses polyphonies occitanes les récits des émancipations et des résistances populaires et féminines avec une fougue rare.
Un hommage subtil sera rendu au romancier et poète jamaïcain naturalisé américain Claude McKay qui a fait partie du mouvement littéraire de la Renaissance de Harlem, par le conteur et musicien de jazz Lamine Diagne et le réalisateur d’un documentaire sur l’écrivain, Matthieu Verdeil, mêlant lecture, création visuelle et musique dans Kay ! Lettres à un poète disparu. Le concert Aesthesis quant à lui explorera les frontières temporelles découvrant de somptueux échos entre Monteverdi et John Cage, se refusant toute limite. Le jazz enfin déploiera ses volutes enivrantes avec le jazz un peu manouche de Dan Gharibiazn et ouvrira la saison de Jazz sur la Ville avec le quartet de Karim Tobbi et du guitariste Jérémie Schacre qui reprendra des morceaux dus à Freddy Taylor et Django Reinhardt qui se rencontrèrent dans les années 1930 sur la butte Montmartre. Un subtil mélange à déguster sans modération !
MARYVONNE COLOMBANI
Festival de Vives Voix
13 octobre au 18 novembre
Divers lieux, Marseille
09 54 45 09 69
lesvoiesduchant.org