Zébuline. Votre festival est très particulier dans le paysage des festivals régionaux. Que veulent dire pour vous ces rencontres sciences et cinéma ?
Serge Dentin. Au départ, en 2006, il s’agissait essentiellement de projeter des films en rapport avec les « sciences dures » et de donner la parole aux chercheurs. Aujourd’hui nos films sont majoritairement en rapport avec les sciences sociales.
Pourquoi cette évolution ?
Sans doute parce qu’elles sont aujourd’hui passionnantes, nécessaires et mises à mal. Mais il ne s’agit pas de projeter des films scientifiques. Notre comité de sélection, composé de 15 personnalités très différentes, a visionné plus de 400 films produits durant les deux dernières années et en a retenu 41, dont 35 en compétition. Ce sont des films documentaires ou de fiction, d’animation, expérimentaux… qui entrent en résonnance avec des recherches scientifiques actuelles, et nous permettent de mettre en dialogue chercheurs et réalisateurs.
Comment la compétition se présente-t-elle ?
Nous avons cinq prix. Un prix du long métrage, un du court-métrage, et un extra-court, pour des films qui durent parfois moins d’une minute. Ces prix sont attribués par le jury, et nous avons également un prix jeune public court métrage, et un prix du public très court métrage.
Vos projections ont lieu dans huit cinémas différents…
Neuf si on compte la journée professionnelle. Être présent sur toute la ville est important, et projeter les films que nous faisons en ateliers durant l’année l’est aussi. Ce sont de vrais films marseillais, fait par des gamins d’ici. L’un d’entre eux en est à sa 15e sélection internationale…
Vous commencez par une soirée sur l’émancipation féminine…
Oui, au cinéma la Baleine, un court et un long où des femmes parlent de cette évolution d’une femme désirée vers une femme désirante. Le lendemain, nous avons les courts-métrages jeune public au Miroir à 14 h, puis la première séance de courts métrages en compétition aux Variétés à 17h30. Le soir, à l’Artplexe, une soirée sur la mort, avec un court métrage mexicain sur le suicide, assez dur, et un long, Fais le mort ! où la maladie (le diabète) fait l’objet d’un traitement noir, mais plus burlesque.
Puis jeudi, une deuxième séance de courts métrages aux Variétés, et le soir un court et un long sur le travail, les chemins d’émancipation individuels ou collectifs, en France et au Vietnam. Chaque soirée est bien sur suivie d’un débat avec des scientifiques, ce soir-là nous aurons José Rosé ancien directeur scientifique du Céreq (Centre d’études et de recherches sur les qualifications).
Vendredi, deux séances de courts métrages, sur l’intelligence artificielle au Polygone étoilé, sur des sciences naturelles au Museum. Le soir un très beau film sur le neurobiologiste Michel Jouvet, qui a découvert le sommeil paradoxal. Une plongée dans ses rêves, suivie d’un débat sur les neurosciences.
Le dernier jour commence à 10 h au Miroir avec un long sur le Liban, qui met en parallèle l’effondrement politique et botanique. Puis le Prix du public extra-court au Miroir, et le prix jeune public courts métrages à l’Alcazar. Enfin le soir, une soirée de clôture exceptionnelle à la Baleine : la remise des prix puis la projection de quatre courts métrages de Man Ray restaurés, mis en musique par Jim Jarmush. Des merveilles qui, il y a cent ans, ouvraient des voies étonnantes aujourd’hui encore…
ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AGNÈS FRESCHEL
RISC
Du 10 au 14 décembre
Divers lieux, Marseille
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