mercredi 11 décembre 2024
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Festival « Tous courts », une ouverture en grand  

C’est dans la salle de la Manufacture à Aix-en-Provence comble qu’a démarré le 42e festival  Tous courts. Guy Astic, le président des Rencontres cinématographiques d’Aix, après les traditionnels remerciements aux partenaires qui permettent que ce festival perdure, a présenté le programme de cette édition. Les compétitions internationales, expérimentales et les différents jurys, les autres sections, les cartes blanches, la Nuit du court, placée sous le signe de l’humour « Mieux vaut en rire », mais aussi le Marché du film ; les actions pédagogiques. Bref, de quoi donner l’envie de passer quatre jours à Aix dans les salles de cinéma.

Et pour bien commencer, un programme de 6 films, 4 fictions dont un film d d’animation et 2 documentaires. Un choix pertinent et fort intéressant.

Le premier, Apnées de Nicolas Panay, nous met en immersion dans un chantier, nous faisant partager le stress de son responsable, Pierre (Thomas Coumans): course contre-la-montre pour que les délais soient respectés ; peur d’un accident de travail car les ouvriers sont épuisés ; solutions à trouver pour calmer les riverains se plaignant de nuisances sonores, visite de Madame la Maire (Laurence Côte) injonctions et menaces de ceux qui ont commandé les travaux. La caméra, mobile et très près des personnages, des plans heurtés, nous mettent, comme eux, en apnée. Un court très fort sur le monde du travail.

Marée noire de la chorégraphe québécoise Chantal Caron nous emmène au milieu d’un paysage où le blanc se bat contre le noir, un univers où deux femmes, déesses marines, sont captives d’une marée noire. Une performance où les corps luttent pour s’échapper : ondulations, pulsions et contractions, avec en toile de fond le fleuve Saint-Laurent au son de la musique d’Arnaud Hug. Un sursaut de survie face aux éléments.

Le film d’animation, Les belles cicatrices de Raphaël Jouzeau,en compétition à Cannes 2024,  raconte la douleur d’un amour perdu :Gaspard aime toujours Leïla. « À elle, j’avais envie de tout dire ! » Ils se retrouvent dans un café rempli de monde, dans des couleurs froides. Quand la conversation tourne mal, Gaspard se réfugie sous la table, se cache sous la nappe ; une sorte de portail vers le fantastique, un refuge où il fuit la réalité et peut revivre les moments insouciants et heureux, tout en couleurs chaudes. Une animation réussie avec des décors à l’aquarelle, des images hybrides et les voix de Fanny Sidney et Quentin Dolmaire.

Valley pride de Lukas Marxt, sélectionné à Locarno,est un documentaire fascinant sur le travail humain et son rapport au paysage. Un travelling avant sur une palmeraie filmée à l’envers qui se retourne lentement dans le sens des aiguilles d’une montre : on est au milieu du désert californien et on assiste au ballet du système d’irrigation, des machines agricoles qui tracent de longs sillons, des ouvriers qui cultivent, fertilisent, récoltent et emballent la laitue tels des automates devant d’interminables formations rocheuses. Un film qui met en évidence comment les hommes sont ici le plus petit rouage du travail dans la gigantesque machine agricole tournée vers le profit, souligné par la musique de Jung An Tagen.

Un film plus léger qui a fait sourire la salle : Aux Réformés, le deuxième court de Lucas Palen, un réalisateur marseillais. Un film tourné avec les moyens du bord et des acteurs non professionnels dont sa mère et son père. Une jeune femme, Clem doit rencontrer un homme intéressé par un ventilateur qu’elle a mis en vente sur Leboncoin. Mais tout ne se passe pas comme prévu et Clem qui a rendez-vous avec sa mère doit faire face à diverses tâches, à toute vitesse. La caméra la suit de près dans les rues de Marseille, autour des Réformés, ventilateur et bouquet de fleur à la main. Scènes cocasses dont l’accueil d’hôtes Airbnb à la place d’un copain. Une journée pas tout à fait ordinaire d’une jeune femme incarnée avec talent par Lou Vidal, dans une mise en scène nerveuse et efficace. Un beau travail.

Pour terminer cette séance, le premier film de Tara Maurel, Lou. Un film délicat où l’on découvre à hauteur d’enfant l’amour quasi fusionnel d’une petite fille de 5 ans avec sa mère (Élise Lhomeau). Une relation qui va être perturbée d’abord par l’odeur étrangère dans la chevelure de sa mère : celle du tabac froid. Et puis des questions pour Lou : qui est cet homme venu passer l’après midi avec elles au bord de la rivière ? Bravo à Azaé Bertizzolo-Carlier, superbement dirigée pour incarner cette petite fille qui doit accepter qu’elle n’est plus le seul amour de sa mère.   

ANNIE GAVA

Le Festival Tous Courts se tient du 3 au 7 décembre 2024.

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