La conquête de la désobéissance est lente, tortueuse. Ilaria est contrainte de suivre son père sur les routes, dans un road-trip sans but à travers l’Italie, d’autogrills en hôtels, des villes du Nord à la campagne sicilienne. Tout part d’un imprévu : une habitude que la mère d’Ilaria décide de ne pas honorer. Son père entraîne alors la petite fille dans son errance et dans ses frasques. La narration, tissées de phrases courtes, au présent, se déploie à travers le regard d’Ilaria. Elle laisse au lecteur le soin de deviner, d’interpréter ce que voit et pense la petite fille, de comprendre au fur et à mesure, avec elle, dans quoi son père l’entraîne.
Entre rêve et réalité
La relation père-fille est au centre du roman, surtout dans sa première partie. Fulvio, le père, est un homme instable, colérique, représenté soit au volant de sa voiture, soit entouré d’un nuage de fumée, un verre de whisky à la main. S’il semble principalement absent, physiquement ou mentalement, à la fois en fuite et en perpétuelle recherche de contact avec son ancienne épouse, il est aussi parfois pour sa fille un compagnon de jeux (légaux ou non) et de découvertes.
En arrière-plan, l’actualité politique dramatique de l’Italie des années 80 se dessine : attentats, prises d’otage. La montée de la violence au sein du pays entre en écho avec la frustration et l’agressivité grandissantes du père ainsi qu’avec l’enfermement progressif d’Ilaria dans un monde intérieur où la réalité et le rêve ne sont plus toujours dissociables. Son oubli du français au profit de l’italien est un symptôme parmi d’autres de l’effritement de son identité, alors que les mois et les villes se succèdent. Dans ce cadre, la désobéissance, c’est aussi apprendre à se défaire des promesses non légitimes, des relations imposées.
GABRIELLE BONNET
Ilaria ou la conquête de la désobéissance de Gabriella Zalapì
Zoé - 17 €
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