Installée à l’orée des quartiers Nord de la ville, Klap – Maison pour la danse a toujours eu à coeur d’entretenir un lien fort avec ses voisins. Le clou est enfoncé cet automne, avec une exposition consacrée au boulevard National, considéré comme une entité à part entière (vernissage le 16 septembre). La démarche se poursuit jusqu’en décembre avec le programme Question de danse, qui propose de régulières présentations d’étapes de travail. Le rituel est immuable : à l’issue de formes courtes (de 30 à 40 minutes), un échange est initié avec les artistes à propos de leur travail en cours. Parmi ces projets, signalons Inaccessible Vallée (le 28 septembre à 19 h), un solo autobiographique hybride dans lequel Max Fossati explore, en mouvements et en mots, la construction de l’identité masculine, via l’exploration de la relation qui le liait à son grand-père défunt, porteurs de valeurs d’un autre temps. Cette fabrique de l’identité en cours de construction, c’est une thématique qui anime Arthur Perole dans son travail au long cours. Tendre Carcasse pose un nouveau jalon dans cette recherche, menée cette fois avec quatre interprètes tout juste sortis de formation (le 14 octobre à 19h). Autre artiste régionale emblématique, Josette Baïz, à la tête de la Compagnie Grenade, met en scène pour sa prochaine création quatre artistes aux univers très forts : le hip-hop de Kader Attou s’y confronte à la recherche théâtrale de Nicolas Chaigneau et Claire Laureau, à l’écriture contemporaine d’Ivan Pérez et aux questionnements sur le genre des Filles de Mnemosyne (Antipodes, le 14 octobre à 20h).
Mise en abyme ludique
Au rayon de la diffusion, plusieurs créations d’importance émaillent la saison à venir. Du genre, il en est aussi question chez la Compagnie HKC, qui décide d’user d’une mise en abyme ludique pour aborder ce sujet déjà quasiment galvaudé : au plateau, cinq danseuses, une autrice et un metteur en scène tentent de déjouer leurs propres limites, de déconstruire les dénis et injonctions subliminales qui les gouvernent, afin de s’emparer de la thématique au plus juste (Promesse, les 9 et 10 novembre). Quant à l’hôte des lieux, Michel Kelemenis, c’est en janvier qu’il présente en sens murs sa nouvelle création, VERSUS : un duo pour quatre interprètes et de multiples combinaisons, autour de la notion de désir. Entre mirages et faux-semblants, nécessaire abandon au risque de frôler la consumation, sans occulter l’emprise ou la jalousie pouvant mener à la violence, les états de corps racontent ces bouleversements présidant à l’émoi amoureux (présentation préalable d’une étape de travail le 10 novembre). Le 18 janvier, place à une création résonant particulièrement à Marseille : en un funeste effet miroir, la danseuse hip-hop Marina Gomes Hylel aborde via La Cuenta [MedellinMarseille] les tragiques conséquences de faits divers qui endeuillent trop souvent ces deux cités : les règlements de comptes homicidaires et leurs victimes collatérales, de plus en plus nombreuses. Au plateau, trois femmes rejouent ces drames intimes – mères ou soeurs, oscillant entre deuil et résilience, désir de vengeance et aspirations à l’apaisement. La chorégraphe s’est nourrie de ses rencontrés en Colombie auprès d’associations œuvrant auprès des familles pour pacifier les quartiers. À Marseille, les premiers collectifs de femmes endeuillées commencent aussi à émerger.
JULIE BORDENAVE
Klap – Maison pour la danse
Marseille
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kelemenis.fr