jeudi 3 octobre 2024
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La fiesta malgré tout 

Marquée par la disparition de son co-fondateur Bernard Aubert cet été, la Fiesta des Suds propose une nouvelle édition conforme à son ADN. Entre fête débridée, musique pointue et populaire

La nouvelle est tombée en plein milieu du mois d’août. Bernard Aubert, co-fondateur et charismatique directeur artistique de la Fiesta des Suds disparaissait. Du 5 au 8 octobre sur l’esplanade du J4 à Marseille, les équipes du festival entendent proposer une nouvelle édition fidèle à ce que Bernard Aubert et sa bande avaient imaginé il y a plus de 30 ans : des têtes d’affiche, des découvertes, et ce grain de folie qui fait de lui un rendez-vous « à part » dans le monde de la nuit marseillais. 

Fièvre de cheval ? 

Ce vendredi 28 septembre aux Docks des Suds, le soleil frappe fort sur les bureaux de l’association Latinissimo, organisatrice de la Fiesta. La chaleur est inquiétante pour la période, mais à l’heure des derniers préparatifs rien ne semble faire monter la température outre-mesure chez les équipes de la Fiesta. « Si on veut voir du stress, il faut aller au J4 » nous explique-t-on tout sourire… Ou passer dans le bureau de Nathalie Solia, la directrice, qui entre deux coups de fils s’excuse de devoir décaler l’interview de quelques minutes : elle doit régler le problème du « crottin de cheval » de la centaine d’équidés qui vont parader entre le Vieux-Port et le J4 ce samedi soir. Un rendez-vous à part…

Cette grande cavalcade fait partie des nombreux clins d’œil et hommage à Bernard Aubert qui vont parsemer cette édition. D’origine nîmoise, il a dès le début de la Fiesta incorporé des marqueurs « féria » dans le rendez-vous. Des chevaux, des taureaux… et la « bodega », cet espace mythique de la Fiesta qui fait son grand retour cette année. « C’est un lieu que Bernard a très souvent habité. Il faisait souvent les fermetures… » explique Olivier Rey, qui travaille pour la Fiesta depuis 1995. Aujourd’hui disparue sous les décombres de l’ancien Dock, l’équipe a pris soin de « récupérer des anciens éléments de décoration » pour plonger le public au plus près de ce que cet endroit a été. 

Cap aux Suds

À côté de la bodega, plusieurs espaces scéniques sont mis à la disposition des festivaliers pendant quatre jours. La scène « mer » où passeront notamment Patrice, La Femme, Flavia Coelho ; la scène « étoile » avec Benjamin Epps, Voyou ou encore Ladaniva. Et enfin une nouvelle, intitulée « major », qui entend inviter le public à danser non-stop. Passent par-là notamment des artistes locaux, comme De la crau, Biensüre ou Doucesoeur. « Il n’y aura pas deux minutes de silence », promet Olivier. 

Autant d’artistes réunis par Frédéric André, qui signe sa deuxième programmation pour le festival, toujours avec l’envie de poursuivre l’héritage de Bernard Aubert. « Bernard a été l’architecte de l’esprit Fiesta. Il faut retranscrire cela dans la programmation » assure-t-il. Pour cela, son cahier des charges est très clair : « Faire du populaire avec une exigence artistique. Il faut aussi que le spectacle soit vivant, qu’il y ait une présence sur scène », ajoute-t-il. « Des artistes qui portent aussi des valeurs », renchérit Olivier Rey. Des exigences et des valeurs qui continuent d’irriguer la Fiesta des Suds, pour que cet esprit perdure et ne perde jamais le Nord.  

NICOLAS SANTUCCI

Fiesta des Suds
Du 5 au 8 octobre
Esplanade J4 et Docks des Suds,
Marseille
fiestadessuds.com

Entretien avec Nathalie Solia, directrice du festival

Nathalie Solia © Jean de Peña

Zébuline. Comment se sent-on à quelques jours du festival ?

Nathalie Solia. On oscille entre l’inquiétude et l’excitation. Ca dépend des minutes [rires]. Et on est un peu débordé, tout s’accumule, ce qui est normal. 

D’autant qu’il y a des nouveautés cette année, comme la journée du dimanche, gratuite. Comment vous est venue l’idée ? 

La Fiesta des Suds a une tradition ancienne d’accueillir tous les publics, et notamment les jeunes. À l’époque, on faisait la Fiesta des minots le mercredi, ça fonctionnait très bien. Mais depuis qu’on est parti des Docks on n’a plus pu accueillir cette journée-là. On s’est aussi aperçu qu’il y avait beaucoup de familles le dimanche sur le J4, mais qui assistaient au démontage du festival avec barrière poussière engins, bruit… On s’est dit qu’on gâchait la promenade dominicale des familles. Alors pourquoi pas proposer une journée pour les familles qui viennent ici, au bord de l’eau, sur le J4, pour profiter aussi de la Fiesta. 

Il y a aussi la grande cavalcade samedi qui semble vous occuper ?

Oui, je dépasse un peu mon champ de compétence – même si je viens de la technique. Cette cavalcade a été pensée pour rendre hommage à Bernard Aubert. Pour lui, un festival c’est plus que de la musique, mais toute une ambiance, il avait une vision globale de ce rendez-vous. On veut mettre la fête partout. 

On note une forte présence féminine dans vos locaux, moins dans la programmation. Comment l’expliquez-vous ? 

On a un regard particulier pour avoir un plateau le plus représentatif possible de l’égalité femmes-hommes. Le fait est que dans le milieu musical ce n’est pas du tout le cas, et encore moins dans les musiques du monde. Mais on sent une prise de conscience actuellement, tous les programmateurs ont ça en tête aujourd’hui, ce qui est très positif. De notre côté, on a une vraie responsabilité en tant que festival. En programmant des femmes sur nos scènes, on leur donne de la visibilité, dans l’espoir qu’elles deviennent les têtes d’affiche de demain. Pour nous, la parité est à la fois un objectif et une responsabilité. 

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR N.S.


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