vendredi 26 avril 2024
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La nature, aux pieds du Muir 

Comment un jeune vagabond a-t-il convaincu le président des États-Unis de préserver les espaces naturels ? C’est le récit que nous fait le Marseillais Clément Baloup, dans une sublime bande-dessinée

Qu’il s’agisse de la diaspora vietnamienne, des combattantes kurdes contre Daech ou des Fralib de Gémenos, Clément Baloup puise souvent son inspiration dans la vraie vie. Celle de gens en lutte pour une humanité plus fraternelle, pour un monde plus beau. Aujourd’hui c’est à John Muir que le bédéiste marseillais rend hommage dans un album flamboyant. Une ode fervente à cet homme libre, à cet esprit visionnaire, pionnier de l’écologie aux États-Unis au tournant du XXe siècle. Le titre déjà en dit long sur la personnalité et le destin hors du commun de ce génie autodidacte : J’aurais pu devenir millionnaire, j’ai choisi d’être vagabond. Librement adaptée du récit éponyme d’Alexis Jenni et des carnets de John Muir, la BD trace habilement le portrait de cet homme à l’allure de prophète qui, en trois jours de randonnée dans la nature grandiose du Yosemite (Californie), parvint à convaincre le président américain Theodore Roosevelt de la nécessité de sanctuariser les espaces naturels sauvages. De leur rencontre et de cette découverte (on est en 1903) naîtra le premier grand parc naturel américain. 

Il est libre John 
Le fil conducteur du scénario – très bien ficelé – est celui de cette escapade. S’y agrège toute une série de retours en arrière, épisodes marquants de la vie de Muir, que celui-ci relate au président au fil de la marche. On découvre alors les dons multiples d’un inventeur né, qui aurait pu faire fortune dans la société industrielle alors en pleine expansion, mais décida un jour de partir, de se fondre dans le paysage, d’étudier la nature en la parcourant à pied, de Floride en Californie, de l’Utah à l’Alaska, souvent au péril de sa vie. Une existence vouée à la contemplation de la nature. Et au combat pour sa préservation. Car les espaces sauvages sont stupéfiants de beauté mais si fragiles. De cela, Muir était convaincu. Clément Baloup l’est visiblement aussi. Splendeur des paysages que certaines pleines pages subliment, éclat et variation des couleurs, finesse et acuité du trait, vitalité du cadrage, il met tout son talent de dessinateur et de coloriste au service d’une nature qu’il est, aujourd’hui plus que jamais, urgent de protéger.

FRED ROBERT

J'aurais pu devenir millionnaire, j'ai choisi d'être vagabond de Clément Baloup   
Éditions Paulsen, 21 €
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