Au Festival international de piano de La Roque d’Anthéron, dans le cadre des soirées dédiées à l’intégrale des concertos pour piano de Beethoven, le n° 4 en sol majeur opus 58 était au programme de ce samedi 22 juillet. Toute frêle dans sa robe d’eau tranquille, la pianiste Anne Queffélec habitait l’œuvre avec une élégante simplicité. Les violons disposés inhabituellement de part et d’autre du piano offraient un écrin souple et très intéressant à l’instrument concertant. Soulignant par leur velouté la clarté fluide du jeu de l’interprète, émouvante dans les phrasés descendants réitérés, tels des questions sans réponse.
Faire parler le silence
La grâce de l’instrumentiste réside non seulement dans une technique parfaite, mais aussi, surtout, dans la capacité à nourrir la partition d’une culture fine. Une dentelle aérienne se dessine ici, avec une manière inimitable de faire parler les silences. Le piano engage un réel dialogue avec l’orchestre, espace de paix peuplé des fragrances stridulantes de la nuit de La Roque.
La Symphonie n°7 en la majeur permettait d’apprécier davantage encore la qualité du Hong Kong Sinfonietta, et la direction précise et nuancée de sa cheffe, Yip Wing-sie. Cette pièce publiée en mai 1816 fut considérée par Richard Wagner comme « l’apothéose de la danse […], réalisation la plus bénie du mouvement du corps presque idéalement concentré dans le son. » Sans doute, la disposition des violons nuisait-elle à l’émotion tragique du deuxième mouvement, lui enlevant de sa gravité, mais l’enthousiasme final avec un tempo fort accéléré conquit le public.
Maryvonne Colombani
Concert donné le 22 juillet, dans le cadre du Festival international de piano de La Roque d’Anthéron.