vendredi 3 mai 2024
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La rue prend le Luberon 

Déjà la 9e édition pour Le grand ménage, qui s’immisce dans le patrimoine minéral du Luberon pour faire rayonner les arts de la rue dans toute leur splendeur

Cinq étapes jalonnent cette année la route du festival : après un lancement le 19 avril à Cucuron, la ville d’où tout est parti en 2015, il poursuit ensuite son chemin à La Tour d’Aigues les 20 et 21, Cabrières d’Aigues le 25, Vaugines le 26, pour s’achever à Cadenet le week-end des 27 et 28. En ouverture, la Compagnie Éléphante propose avec Utopy un ballet éphémère, apparition furtive dans l’espace public de deux créatures quasi chamaniques travesties de costumes recyclés, pour une transe mi végétale mi organique (les 19 et 20 avril). Certaines propositions théâtrales prennent ensuite l’espace public comme agora pour y porter des paroles engagées. Avec Hune, Paon dans le ciment donne la parole à tous les invisibles, ceux qu’on appelle parfois pudiquement les zonards, ces “sans port d’attache” qui hantent les marches d’escaliers (les 19, 20 et 21). Les arracheurs de dents, fieffés bonimenteurs oeuvrant en rue depuis 2009 pour y porter texte avec ferveur, panache et humour, abordent cette fois la notion de lutte, puisant dans la verve de Tolstoï (Ni gueux ni maîtres, le 20 avril).

Jubilation collective

Le festival est aussi l’occasion de découvrir plus avant l’univers très singulier de Guillaume Derieux, qui fut un temps crieur public marseillais devant les Halles Delacroix. Il signe ici En roue libre pour le compte de l’incontournable compagnie jurassienne Théâtre Group’. Pio, ancien mécano, y évoque ses sombres souvenirs, entre passion, addictions et rédemption, autour d’une Peugeot 305, totem trônant en milieu d’arène (les 25, 26 et 27). Avec sa propre Kie Faire-Ailleurs, l’artiste propose aussi Nuque rouge, “western déstructuré franchouillard” sous forme de déambulation doublée d’une immersion radiophonique dans la psyché de Poliveau, un homme cherchant à reconstituer un fait divers du passé (le 27 avril). Des digressions plus légères trouvent aussi leur place, tel Le nez au vent de La Bouillonnante, une ode au plaisir de rouler en vélo, depuis l’enfance jusqu’aux premières nuits à la belle étoile. Ces évocations s’accompagnent de croquis au fusain, pour un carnet de voyage grandeur nature (les 26, 27 et 28). Enfin, un morceau de bravoure à ne pas louper : avec L’arrière-pays, Les trois points de suspension & 3615 Dakota puisent dans les tréfonds de notre inconscient. L’arrière-pays éponyme, c’est celui de la petite enfance. Quatre comédiens adultes s’approprient des mots d’enfants pour tenter d’en sonder les enjeux. Devant nous, c’est la comédie de l’humanité qui se rejoue, avec beaucoup d’humour et de subtilité. Paradis perdu ou orée de l’enfer sartrien ? Une jubilation collective, entre ours géant, hommes-buissons et fontaines de jouvence (le 21 avril). En fin de semaine, diverses réjouissances incitent à poursuivre les soirées : Pola Facette, Comité national des arts de la fête, discomobile de Tony Swarez… A noter : sur les 20 spectacles proposés, 5 sont payants (tarif unique à 5 euros).

JULIE BORDENAVE

Le grand ménage
Du 19 au 28 avril
Dans 5 communes du Luberon, legrandmenage.fr

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