mercredi 2 octobre 2024
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« La Vie devant elle », sur les routes de l’exil

À la mairie du 1/7 dans le cadre du festival PriMed, Manon Loizeau et Elaha Iqbali, co-réalisatrices, ont présenté un documentaire touchant, à hauteur d’enfant.

« Quand je tiens une caméra dans mes mains, ça m’apporte beaucoup d’espoir, je sens que je peux tout surmonter. La caméra fait disparaître tous mes chagrins. »Ces mots sont ceux d’une jeune Afghane de 14 ans, Elaha Iqbali, co-réalisatrice et protagoniste du film La vie devant elle, sélectionné dans la catégorie « Enjeux Méditerranéens » de la 27e édition du PriMed. C’est à Lesbos, dans le camp de Moria que Manon Loizeau a rencontré Fanny Houvenaeghel, présidente de l’association Tolou qui aidait les réfugiés. Elle lui parle d’Elaha, une jeune fille qui, avec une petite caméra, filme la vie dans le camp. En 2018, Elaha avait pris la route vers l’Europe, avec sa famille, quittant le pays où ils ne pouvaient plus vivre, mais aussi y laissant leur maison, leurs amis. Manon Loizeau qui voulait faire un film à hauteur d’enfant, décide de la suivre pendant une année et ensemble, elles réalisent La Vie devant elle, un film touchant, une vraie leçon de vie.

Prendre de la distance

« Quand on migre, on devient plus fort ! » Et il faut l’être car dans le camp de Moria, il n’y a rien. Avec ses parents, Elaha crée une petite école où elle enseigne l’anglais aux enfants. Avec sa petite caméra, elle filme « sa classe », les rues du camp, les jeux, les cerfs volants, les repas jusqu’à ce jour terrible du 9 septembre 2020 où un incendie détruit le lieu. L’enfer sur terre ! « Toutes nos vies réduites en cendre » Elaha filme tout, les lieux dévastés, les ruines où des enfants récupèrent des peluches épargnées. Il faut reprendre le chemin, le bateau, qui les conduit à Athènes où ils survivront quelques semaines dans un appartement insalubre, puis un car vers Anissa à la frontière albanaise. Loin de tout. Pas de ville pour aller à l’école. Elaha ne baisse pas les bras même si, parfois, elle regrette d’être née afghane. Sa caméra lui permet de mettre à distance le réel, souvent tragique. Elle filme sa famille, ses sœurs – Saher qu’elle admire, Neda au grand cœur –son frère Shahab, et sa mère qui rêve de pouvoir étudier et d’apprendre à conduire. Mais chaque départ est douloureux. Elle y laisse des gens qu’elle aime ; son amie de cœur, Zuhra, restée à Kaboul, Hosna, à Athènes… «  Je ne veux plus me faire d’amies. Quand on les quitte c’est trop dur ! ». Après quatre années d’errance et 7000 km parcourus, Elaha et sa famille ont eu leurs papiers et se sont installés en Allemagne. La jeune fille a enfin réalisé son rêve, aller à l’école et construire un avenir… La Vie devant elle.

Le montage est habile, tricotant avec soin les images d’Elaha et celles de Manon Loizeau ;  la musique et les chansons de sa sœur, Emily Loizeau semblent donner  une 2e voix à Elaha. La Vie devant elle, journal intime,  nous montre les chemins chaotiques de l’exil, la vie dangereuse des enfants qui y sont forcés  mais aussi la puissance des rêves et le pouvoir du cinéma. Un documentaire réussi, touchant et percutant.

ANNIE GAVA

La Vie devant elle a été présenté à la Mairie de 1/7 de Marseille dans le cadre du festival PriMed.

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